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Quand commencer une thérapie?

C’est une question que j’ai longtemps refusé de me poser. La psychothérapie me faisait peur, elle me semblait un territoire effrayant ; j’en avais une représentation terrifiante.

Je me voyais, contrainte d’aller voir un psy pendant des années, pour… ?? Pour quoi, au fait ?

Je ne savais pas de quoi était faite au juste une thérapie. Ce que je savais, c’est qu’il y avait dans le terme-même une notion de soin, et que donc il devait y avoir un sous-entendu de maladie préalable – et je ne me sentais pas malade.



Mais est-ce que ma perception était bien la bonne ?

Faut-il se savoir malade avant d’entamer une thérapie ??

C’est en fait bien plus compliqué que cela…


Sûr que quand on est dans une maladie déclarée de type dépressive, il est plus que temps d’entamer une psychothérapie ! Mais il n’y a pas besoin que le diagnostic soit posé pour franchir le pas.




Une souffrance psychique


Dans mon article précédent https://www.lucebarrault.com/post/qu-est-ce-qu-une-psychoth%C3%A9rapie, je vous disais que le but de la psychothérapie était la levée de la souffrance psychique. C’est donc bien cette souffrance-là qui va généralement provoquer la démarche d’entamer une psychothérapie.


Mais qu'appelle-t-on souffrance psychique ??



Ce n’est pas si facile que cela de définir une telle souffrance. Disons qu’elle peut être perceptible de différentes façons, par différents canaux.


Il y a, par exemple, le canal des émotions. On peut éprouver, par exemple :

- une tristesse profonde et persistante qui ne cède pas aux stimuli extérieurs

- une anxiété excessive et généralisée

- voire une véritable angoisse qui nous envahit sans que l’on n’y puisse rien

- parfois, une colère incontrôlable, difficilement compréhensible, même par nous

- une peur du jugement des autres, un manque de confiance en soi

- le fait de pleurer pour un oui ou pour un non, sans comprendre d’où cela vient

- ce peut aussi être une indifférence émotionnelle, l’impression d’être coupé de nos ressentis

- ou bien un épuisement, sans que rien n’arrive à le faire céder




Un autre canal est celui que l’on pourrait qualifier de comportemental. La personne est tellement mal avec elle-même que cela transparaît sur sa relation aux autres et l’on peut observer, par exemple :

- un isolement social, en particulier chez des personnes qui ne sont pas habituellement enclines à s’isoler

- ou des conflits récurrents avec l’entourage



D’autres signes de cette souffrance psychique sont un peu camouflés derrière des symptômes physiques et peuvent être :

- des troubles du sommeil (insomnies, hypersomnies, cauchemars, etc.)

- une modification de l’appétit (là aussi : en trop ou en pas assez)

- des difficultés pour se concentrer




Dans la sphère de la pensée, il peut aussi y avoir, par exemple :

- des pensées suicidaires ou d’auto-destruction

- un sentiment d’inutilité (qui peut d’ailleurs être en lien avec l’envie suicidaire)

- des difficultés à prendre des décisions

- une impossibilité à passer à autre chose après un évènement, comme si celui-ci nous avait piégé

- l’impression d’être dépendant des autres

- un sentiment de culpabilité excessif

- une peur terrible de l’avenir



Il peut bien sûr y avoir un panachage de ces différents symptômes.



Ce que l’on peut pointer, c’est que ces signes sont exacerbés la nuit. Il peut y avoir des cauchemars récurrents, ou bien des insomnies avec des pensées qui tournent, des ruminations qui nous enfoncent dans un mal-être profond, des désespoirs insondables.





Des questions que l’on se pose sur soi


Parfois, pour entamer une psychothérapie, il n’y a pas de souffrance psychique massive, mais plutôt des questions que l’on se pose sur son fonctionnement. Des questions plus ou moins prégnantes, plus ou moins fréquentes :

Pourquoi ai-je autant de mal à nouer des relations, ou à les garder sur le long terme ?

Pourquoi est-ce que je me retrouve si souvent dans telle ou telle situation embarrassante ?

Pourquoi est-ce que mon travail me rend toujours insatisfait ?

Pourquoi est-ce que j’ai des moments de tristesse profonde alors que rien d’objectif ne les justifient ?

Pourquoi est-ce que je suis toujours insatisfait ?

Pourquoi ? Pourquoi ?

Pourquoi est-ce que la personne que je suis ne me satisfait pas ?



Les questions peuvent aussi être plus profondes, de nature existentielle.

Pourquoi suis-je venu sur Terre ?

Quel est le sens de ma vie ?

Ai-je vraiment une mission de vie ?

Ces questions ne sont pas forcément envahissantes au point d’empêcher la vie-même, comme dans la dépression existentielle (vous pouvez vous référer à mon article sur ce sujet : https://www.lucebarrault.com/post/la-d%C3%A9pression-existentielle) mais elles prennent suffisamment de place pour que vous ayez envie de les creuser. Le cabinet d’un psychothérapeute est un bon endroit pour se pencher sur ce thème fondamental.


Ce peut être aussi le lieu pour aborder le sujet des héritages transgénérationnels généralement inconscients.




Les freins à franchir le cap


On est capable de se trouver toutes sortes de bonnes excuses pour ne pas entamer de psychothérapie : « nan, mais je n’en ai pas vraiment besoin, c’est juste un passage à vide », « je suis fort, je m’en sortirai seul », « il ne faut pas exagérer, je ne suis pas fou », « je ne veux pas qu’on me dise comment conduire ma vie », « je n’ai pas envie de perdre mon temps à parler du passé : il convient d’aller vers l’avenir ! », « ça va être désagréable d’être en face de quelqu’un qui va me percer à jour dès mes premiers mots », « la thérapie, ça ne sert à rien », « ça va durer des années et me coûter un pognon de dingue », etc. etc. etc.


Tous ces arguments feront l’objet d’un article ultérieur, mais il faut d’ores et déjà savoir une chose : ils sont tous faux. Plus ou moins, bien sûr, mais dès que l’on commence à les approfondir, on se rend compte qu’ils ne sont que des excuses à notre peur d’aller voir en nous.


Cette peur est bien compréhensible. C’est une véritable aventure de plonger en nous-mêmes, il est impossible de savoir ce que nous allons découvrir, et l’inconnu fait peur.


C’est hélas bien souvent pour cela qu’on ne franchit le cap que quand on va vraiment très mal. Alors que, dans ce cas comme bien souvent dans d’autres sphères médicales, prendre les symptômes au plus tôt permet d’éviter beaucoup de souffrance et de diminuer la durée de la thérapie.






Qu’espérer de la psychothérapie ?


Quelle que soit votre problématique, la psychothérapie vous permettra d’avancer.

Je préfère vous avertir qu’avant l’apaisement escompté, on passe souvent par une période un peu compliquée où l’on se sent « brassé », préoccupé, où on souhaiterait pouvoir parler sans arrêt de ce qui nous tracasse, et que le temps entre les séances est un peu compliqué.

Mais ensuite, lorsque les prises de conscience commencent à se construire, un sentiment d’apaisement et de soulagement s’impose. Les pièces commencent à s’agencer de façon à arriver à une compréhension de soi, et on commence à développer une certaine auto-empathie, comme si les reproches que l’on se faisait à soi-même cédaient. Les choses s’éclaircissent et s’apaisent.


Cependant, je ne veux pas vous leurrer : le déroulé d’une psychothérapie ne se fait pas de façon linéaire. Alors que l’on semble aller mieux, il arrive fréquemment que l’on retombe dans une forme de mélancolie, ou de dégoût de soi, ou d’exacerbation des questions, avec l’impression que c’est même pire qu’avant, que tout cela ne sert à rien, qu’on est irrécupérable… La difficulté est alors de s’accrocher et de traverser ces zones d’ombre qui sont terriblement inconfortables – elles nous permettent d’en apprendre beaucoup sur nous-mêmes, et sont de toute façon éphémères. Derrière, la lumière est encore plus claire et appréciée !


Cet apaisement intérieur aura des répercussions les autres sphères de votre vie : relationnelle, professionnelle, cognitive, amoureuse, physique. Toute l’énergie que vous consacriez à éviter les questions qui dérangent sera libérée et vous pourrez en disposer librement.


Oui, mener une psychothérapie conduit à la liberté !






Une réponse à la question du titre ?


En fait, il n’y a pas de « bon » moment universel pour commencer une psychothérapie, ou plutôt, tous les moments sont bons. Sachant qu’elle est un outil précieux qui permet de mieux nous comprendre, mieux nous connaître, et d’apporter une certaine sérénité sur le chemin de notre vie, qu’elle nous procure apaisement intérieur et pacification de nos relations, c’est à chacun de voir quand il se sent prêt à franchir le pas.






Luce Barrault

Janvier 2025







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