L’animal-totem et autres animaux de pouvoir
- lucebarrault
- il y a 3 jours
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Dans la vision chamanique, toute personne humaine a des alliés dans chaque règne présent sur la planète : minéral, végétal, animal et humain. Ces alliés ne sont pas des individus que l’on rencontre dans la vie quotidienne, plutôt ce que l’on appelle des "esprits". L’esprit d’un être vivant peut être appréhendé comme étant son essence, comme une forme-pensée de celui-ci . Quand on parle de l’esprit du loup, on parle de l’essence de la race du loup, des qualités qui sont développées chez lui et avec lesquelles on peut se mettre en relation.
Les totems du monde animal sont plus forts que ceux des autres règnes, car les animaux sont plus proches de nous sur le plan biologique que les règnes végétal ou minéral.
Ces totems nous permettent de nous relier à Mère Nature, à la Grande Terre-Mère. Dans notre vie occidentale, nous en sommes cruellement coupés, mais n’oublions pas que nos racines plongent en elle et que nous dépendons d’elle. En tant qu’humains, nous disposons de ce que nous appelons notre libre-arbitre, qui nous donne une liberté par rapport à nos instincts et aux "instructions" de ce que les peuples premiers d’Amérique appellent le Grand Mystère (on pourrait dire le Créateur, Dieu, etc.). Les animaux, eux, sont fidèles à ces instructions, vivent en harmonie avec la nature du monde, et nous relier à eux nous permet d’accéder à cette sagesse.
Chacun de nous a donc un animal allié particulier, que l’on nomme animal-totem.
Connaître son animal-totem enrichit autant notre compréhension du monde que celle de notre propre psychologie.

Qu’est-ce que l’animal-totem ?
Selon les traditions, l’animal-totem ne représente pas toujours le même concept.
En ce qui me concerne, je désigne ainsi celui qu’on pourrait nommer plus justement "animal d’âme". Il s’agit d’une sorte d’alter ego du monde animal, un esprit-guide, un ami, un allié, un conseiller, un gardien, un protecteur. C’est l’être du monde animal qui nous ressemble le plus, en tout cas du point de vue psychologique. Il possède les qualités qui sont les nôtres, au moins de manière potentielle, et il peut nous aider à les développer si elles sont à l’état latent. Il nous guide vers notre propre sagesse et il nous permet d’accéder à notre pouvoir intérieur.
En fait, on se rend compte – et de plus en plus à mesure que l’on se familiarise avec cette présence à nos côtés et quasiment en nous – que l’on a des affinités particulières avec cette espèce. Parfois, ce n’est pas flagrant d’emblée ; on peut être surpris par la découverte de son animal-totem. Mais quand on se penche sur ses caractéristiques, sur ses façons d’être au monde, on se rend compte de ces affinités.
L’animal-totem est toujours là, disponible pour nous aider. On peut se connecter à lui à tout instant, à toute occasion. Quand on l’appelle, on obtient toujours une réponse. Ce peut être parfois sous la forme d’une énergie subtile, et , parfois d’une façon plus claire, sous forme de message ou d’un signe qui croise notre chemin – d’autres fois, il va pouvoir s’exprimer dans un rêve. On peut, par exemple, se coucher le soir avec cette question que l’on adresse à son animal-totem, et obtenir la réponse dans la nuit.
L’animal-totem ne change pas, il est stable toute la vie. Il fait partie de nous, en quelque sorte. Il peut cependant arriver que l’on en change lorsqu’existe une fracture catastrophique dans notre vie, mais c’est tout-à-fait exceptionnel.
Cependant, d’autres animaux peuvent nous accompagner pendant quelque temps au long de notre vie. Ils sont de passage, pour nous aider dans certaines périodes, nous protéger, nous aider à relever des défis, nous permettre d’apprendre les leçons que nous avons à assimiler. Ils sont là, amicaux, bienveillants ; ils nous aident à ce que nous soyons véritablement nous-mêmes et à ce que nous puissions développer nos compétences dans cette vie.

Comment savoir quel est son animal-totem ?
Je ne prête aucune foi aux animaux-totems déterminés par la date de naissance que l’on rencontre parfois dans la littérature ou sur certains sites Internet. C’est, pour moi, une extension lointainement chamanisante de notre astrologie zodiacale. J’ai aussi croisé des tests, comme des quiz, qui permettent de déterminer quasi mathématiquement à quel animal on est lié. Ce que je ne comprends pas avec ces pratiques, c’est que l’on va se retrouver avec un choix limité d’animaux et comment être sûr que notre animal-totem fait bien partie du panel proposé ??
Même si la meilleure façon de le connaître est d’aller à sa rencontre par le voyage chamanique, on peut avoir des indices préalables. Lorsque l’on est particulièrement attiré par un animal, lorsqu’on le rencontre dans de nombreuses circonstances, par les livres, dans la nature, dans ses rêves, et surtout que l’on ressent une émotion particulière lors de cette apparition, il y a de fortes chances pour que ce soit lui. Cette émotion pourrait être décrite comme une sorte de bouffée de joie, d’enthousiasme, une sorte de joie d’amour, un frisson de magie…

Le voyage chamanique dédié reste quand même la meilleure façon d’aller à sa rencontre. Le voyage chamanique est un voyage intérieur au son du tambour chamanique (voir mon article https://www.lucebarrault.com/post/partir-en-voyage-chamanique ), comme une sorte de rêve éveillé. On pose clairement l’intention d’aller rencontrer cet animal, et la personne qui accompagne le voyage nous donne les instructions pour mettre toutes les chances de notre côté. Il peut arriver que cela demande plusieurs tentatives – il n’est pas toujours évident de lâcher le mental, lors de ces voyages intérieurs, de ne pas se poser sans cesse la question "mais n’est-ce pas mon imagination, est-ce que ce n’est pas moi qui crée ces images selon mon désir ?". Lors d’un voyage chamanique, il n’est pas lieu de se poser de question. C’est un peu comme dans un rêve nocturne : on accueille les images et les situations qui se présentent, et c’est seulement au "réveil" que l’on tente de les décrypter.
Parfois, comme je vous le disais, on peut être surpris par la découverte de l’identité de son animal-totem. On peut parfois avoir à faire avec une sorte d’ego mal placé qui attend de son animal-totem une prestance ou un courage que les personnes se prêtent à elles-mêmes – et alors, quelle déception de se découvrir la fourmi ou le ver de terre comme animal d’âme ! Mais il convient de savoir que dans le monde animal n’existe aucune hiérarchie ; il n’est pas plus noble d’être lion que moustique. Chaque animal est porteur d’un enseignement et chacun a sa place dans le grand cercle de la vie.
Chaque animal a des qualités, qu’il convient d’étudier pour accéder aux nôtres.

Intégrer les qualités de son animal-totem
Il existe de nombreux livres et sites Internet qui permettent de mettre le doigt sur les qualités et les particularités de notre animal d’âme. Ils ne sont pas tous également pertinents – à vous de voir ce qui résonne en vous dans ce que vous lisez. Là aussi, comme dans beaucoup de situations de l’univers spirituel, il faut faire confiance à vos émotions, à ce qui sonne juste en vous. La vérité de l’un n’est pas forcément celle de l’autre, qui ne sera pas forcément la vôtre.
Je ne vais pas faire ici de catalogue des animaux-totems. On en trouve vraiment facilement de très nombreux, même si ce n’est pas également facile de trouver celui qui vous correspond. Disons que si vous avez le loup ou l’aigle comme animal d’âme, vous trouverez moult développements de leurs aptitudes – si vous avez le cormoran ou le ver de terre, ce sera sans doute plus compliqué.

Mais en fait, on peut se créer soi-même son propre référentiel. Observer l’animal dans son milieu naturel, voir comment il se comporte, quelles qualités sont présentes. On peut se renseigner sur des sites animaliers, visionner des vidéos, feuilleter des livres spécialisés. De cette façon, on en apprend beaucoup sur lui – et donc sur nous.
Le lien avec son animal-totem, comme avec tout être vivant, s’entretient. Au début, il peut nous sembler un peu extérieur, malgré l’émotion de la rencontre et le fait que les qualités que nous découvrons de lui résonnent particulièrement en nous. On peut avoir l’impression que la relation n’existe que lors des voyages chamaniques. Mais ce lien se développe peu à peu ; on se rend compte qu’il peut vivre à tout moment de notre quotidien, même quand on est dans un état de conscience ordinaire. Je me surprends parfois à m’adresser à mon animal-totem lors d’épisodes très terre-à-terre de ma vie, ou à prendre spontanément des attitudes typiques de celui-ci, comme si je l’avais incorporé. Lorsque je fais cela, quelque chose se passe au-delà de mon mental, et je peux avoir accès à des solutions pragmatiques que je n’aurais pas imaginées par la seule force de ma pensée.

On peut aussi porter la représentation de son animal-totem sur des vêtements, des bijoux, voire par des parties réelles de l’animal (par exemple, une plume, une dent, un os). Ainsi, on manifeste sa présence dans notre sphère d’influence, on conscientise sa présence, et de cette façon, il travaille avec nous en permanence.
D’autres animaux avec nous ?
Dans la littérature, on se rend compte qu’il existe différentes façons d’appréhender l’animal-totem selon les traditions. Dans un premier temps, j’ai été un peu perdue par ces informations parfois contradictoires ; je n’arrivais pas à savoir ce qui était juste ou pas – et puis, j’ai décidé de constituer ma propre cosmogonie, celle que j’appréhende avec mes propres voyages en état élargi de conscience, celle que je construis moi-même avec les messages que je reçois. Je n’ai aucune prétention de détenir la vérité, si ce n’est peut-être la mienne.
Par exemple, j’ai lu (dans le livre d’Aigle Bleu "Les animaux-totems")que dans les traditions des Peuples Premiers d’Amérique du Nord, il été considéré que nous avions sept animaux-totems : un devant nous, un en arrière de nous, un de chaque côté, un en haut, un en bas, et un au centre, en nous. Celui qui est à l’intérieur de nous correspondait généralement au clan, le clan étant l’identification avec la lignée maternelle d’un individu (une structure familiale que l’on ne connaît pas en Europe). Le totem situé du côté droit correspondait au rayon d’action de la personne (son travail, ses activités les plus importantes). L’animal à sa gauche correspondait à l’inspiration, c’est-à-dire aux sources de renouvellement des énergies de la personne. L’animal situé au-dessus correspondait à sa vision spirituelle et aux messages qu’elle reçoit du ciel. L’animal en dessous correspondait à la fondation physique de l’individu, autrement dit à ses énergies prédominantes sur le plan de sa force et de sa manifestation corporelle. L’animal situé derrière agissait souvent comme un protecteur (dans des énergies de stabilité et de sécurité). Et l’animal situé devant la personne était celui qui indiquait la direction dans laquelle la personne devait marcher, son avenir, sa mission d’être.
Dans ma représentation personnelle, on a un animal d’âme, un seul, qui nous accompagne de la naissance à la mort. On peut cependant être accompagné de nombreux autres animaux, que je qualifie plutôt d’animaux de pouvoir.
Les animaux de pouvoir sont des esprits-animaux, comme l’est l’animal-totem (qui est d’ailleurs un animal de pouvoir). De la même façon que celui-ci, ils sont des ressources du monde animal, avec leurs qualités propres. Ils viennent nous prêter certaines de leurs qualités pour nous aider dans certaines circonstances, à une certaine période de votre vie, ou lors d’une tâche particulière.
Ainsi, si nous n’avons souvent qu’un seul animal-totem, nous pouvons avoir de nombreux autres animaux (ou plutôt devrait-on dire esprits-animaux) qui nous accompagnent.
Lors de mes soins au tambour chamanique, de nombreux animaux sont là pour me prêter main forte selon la tâche que j’ai à accomplir. Il y a, bien sûr, mon animal-totem, mais le "staff" se compose aussi de mon animal d’extraction, de mon animal de recouvrement d’âme, et des animaux qui interviennent spécifiquement dans chaque corps énergétique. Selon la nature du travail à effectuer dans ceux-ci (réparation, extraction d’éléments lourds, dynamisation, nettoyage, temporisation, etc.), d’autres animaux interviennent également régulièrement.
On peut aussi volontairement faire appel à l’esprit de certains animaux pour nous aider dans certaines circonstances. Par exemple, dans une situation particulièrement difficile, nous pouvons faire appel à l’esprit du renard qui est réputé pour être malin et rusé. Quand on se sent envahi par les autres, on peut faire appel à l’esprit de la tortue, qui a la capacité de rentrer en elle même même entourée par la foule. Quand on a besoin de planifier, de réfléchir et de prévoir, on peut appeler le héron qui est capable d’immobilité, d’attention extrême, de prévoyance. On peut ainsi multiplier les exemples. Tous les animaux, qu’ils soient mammifères, oiseaux, poissons, amphibiens, insectes, ou autre, tous ont des choses extraordinaires à nous enseigner. Pensez à la créativité de l’araignée qui tisse sa toile et à sa patience infinie, pensez à la vision d’ensemble qui peut devenir extrêmement précise que nous offre le regard de l’aigle, pensez au pouvoir de transformation du serpent, à la joie de vivre ou aux capacités télépathiques du dauphin…. Tous, absolument tous, ont des enseignements fondamentaux à nous transmettre, et nous reconnecter à eux permet d’accéder à leur sagesse.

Luce Barrault
Juin 2025
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