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La Communication et la Psychophanie en questions.

lucebarrault

Méthode alternative de communication ou moyen d’accès vers l’inconscient, cette technique soulève de nombreuses questions. Nous allons tenter d’y répondre du mieux possible.






La Communication Facilitée


Communication "facilitée" ? Serait-ce pour faciliter sa communication ?


Non, à moins que vous ne soyez une personne dite « porteuse d’un handicap » qui vous empêche de vous exprimer par la parole ou par l’écrit de façon indépendante.

Cette méthode est surtout utilisée par les personnes avec autisme.

Ces personnes ont non seulement très souvent des difficultés dans l’utilisation de leur corps mais aussi parfois des gros soucis au niveau de l’initiative ou au contraire de l’impulsivité – en cela, la Communication Facilitée peut leur être d’un grand secours.




Mais de quoi parle-t-on quand on parle de Communication Facilitée ?


Il s’agit d’un procédé qui permet aux personnes privées de parole de s’exprimer en désignant du doigt des objets, des images, des mots écrits, ou en tapant sur un clavier avec un doigt, grâce à une coopération avec une autre personne. La dernière partie de la phrase précédente est importante, en ce sens qu’elle signe la particularité de la méthode.

En effet, il a été tenté depuis longtemps de permettre aux personnes handicapées sans parole de s’exprimer grâce à des tableaux d’images ou des classeurs de pictogrammes (systèmes BLISS, CAP, Commun’images, Parler-pictos, GRACH, Cornusse, PECS, etc.).

Pendant les années où j’exerçais comme ergothérapeute avec des enfants et des adultes polyhandicapés et IMC, j’ai mis en place un certain nombre de ces systèmes de communication pour des personnes sans parole articulée qui pouvaient utiliser un doigt, un regard, une licorne (une tige qui s’attache au niveau de la tête). Ainsi, elles pouvaient désigner un verre quand elles avaient soif, ou le téléphone quand elles désiraient entendre leurs parents. C’est un système qui a ses limites, mais qui est néanmoins un progrès pour qui n’a pas de moyen d’expression clair. Cependant, certains handicaps ne permettent pas le geste volontaire indépendant – mais ce geste devient possible avec l’aide d’une tierce personne.



Comment expliquer que ce geste devient possible avec une tierce personne ? N’est-ce pas celle-ci qui guide la main ?


Les personnes qui ont de l’autisme souffrent souvent, entre autres choses, d’apraxie et de difficultés de coordination musculaire.


On ne se rend pas compte lorsque l’on a un corps qui fonctionne correctement, mais réaliser un geste ou articuler un son demande une importante mobilisation des muscles alentours : certains provoquent le mouvement, d’autres le freinent, certains sont mobilisés uniquement pour le mouvement requis, d’autres pour des mouvements annexes, et tout cela se fait de façon organisée et simultanée. C’est le cerveau qui coordonne tout le système, à partir de l’idée que la personne a du geste qu’elle a à effectuer ou de l’objet qu’elle doit utiliser. C’est ce que l’on appelle les praxies. Quand le cerveau n’arrive plus à coordonner ses équipes, qu’elles soient idéatoires ou musculaires, on appelle cela l’apraxie.


L’apraxie est un trouble particulièrement handicapant, et qui relève souvent de ce que l’on appelle le "handicap invisible". Rien n’est visible de ce trouble, parce que ce n’est pas le fonctionnement des muscles qui est atteint.


Lorsqu’une tierce personne soutient son poignet, la personne apraxique va pouvoir utiliser ce support pour n’effectuer que la partie terminale du geste complexe consistant à désigner. Cela simplifie grandement l’ensemble de la tâche.


L’apraxie n’est pas le seul souci que la Communication Facilitée permet de dépasser, il y a aussi les difficultés motrices de type troubles de la coordination musculaire, athétose, etc.



Comment se passe la Communication Facilitée ?


La personne aidante – qui s’appelle le "facilitant" - va soutenir la main de la personne aidée (le "facilité"). Grâce à cet appui, ce support, le facilité va diriger sa main vers ce qu’il souhaite désigner. Le facilitant accompagne le mouvement.

Précisons que pour que cela soit possible, il est nécessaire que le facilité ait une coordination oculo-manuelle, et qu’il regarde ce qu’il désigne. Il est aussi indispensable que le facilitant sache lire lorsqu’est utilisé un clavier.


Progressivement, le soutien peut s’alléger. S’il est au début au niveau de la main, il va pouvoir s’amenuiser, voire remonter le long du bras : ce pourra être un appui au niveau du poignet, puis de l’avant-bras, du coude, etc. Dans certains cas, un simple contact suffit, par exemple au niveau de l’épaule. Parfois, en réduisant ainsi peu à peu l’aide, le facilité va pouvoir devenir parfaitement autonome dans son pointage.


Le geste de soutien apporte à la fois un support émotionnel et un moyen pour réduire les troubles neuromoteurs.




Est-ce que tout le monde peut "faciliter" ?


Oui, à condition d’apprendre à le faire !!

Ce n’est pas si évident qu’il n’y paraît.

La manière de faciliter demande une formation et un entraînement assez long et pas très facile.


J’ai moi-même mis près de 9 mois, à raison d’un entraînement hebdomadaire, avant qu’un message ne s’affiche sous mes yeux incrédules. Je m’en souviens avec la même intensité que la naissance de mes enfants !!



Depuis quand cette méthode existe-t-elle ?


C’est en 1987 que Rosemary Crossley a commencé à développer la Communication Facilitée en Australie (Facilitated Communication, en anglais).

Cette méthode s’est d’abord surtout répondue et fait connaître auprès de personnes atteintes de troubles autistique. Un exemple célèbre en est Birger Sellin, un jeune autiste allemand, qui a publié deux recueils de textes écrits grâce à la CF : "Une âme prisonnière" et "La solitude du déserteur". D’autres ouvrages ont été rédigés grâce à cette méthode, par exemple "L’Enfant Hérisson" de Katia Rhode.


En 1993, Anne-Marguerite Vexiau, une orthophoniste de Suresnes (92) est allée se former en Australie et a ramené cette méthode en France.

Très vite, elle a constaté que les messages facilités ne se limitaient pas à une communication habituelle mais qu’ils émanaient d’un plan de conscience plus profond.

A ce moment-là, la dénomination a dû évoluer. La "Communication Facilitée" est un terme qui correspond à ce que je vous ai décrit ci-dessus, et pour cette nouvelle communication, celle correspondant à ce que nous pourrions supposer une émanation de l’inconscient, Anne-Marguerite Vexiau a créé le mot de "Psychophanie", qui signifie littéralement "la mise à jour de l’âme" (phan signifie révéler, mettre à jour ). Ce mot existe depuis 1999.





La Psychophanie


Cette méthode, du fait qu’elle permet cette communication de l’inconscient, de l’Etre Profond, a une portée thérapeutique.


Il y a beaucoup de choses étonnantes autour de la psychophanie, et il est compliqué d’avoir les explications scientifiques. Non pas que cela n’ait pas été recherché par les pratiquants, bien au contraire ! Mais les scientifiques curieux de cette méthode paraissant bien étrange sont extrêmement rares.




On voit souvent des personnes, y compris handicapées, écrire en psychophanie sans regarder le clavier. Comment cela est-il possible ?


Le facilité utilise les capacités motrices et visuelles du facilitant. Il s’appuie complètement sur lui comme un outil qui lui permet de donner une forme au message qu’il a à passer.

C’est ainsi qu’il utilise également le vocabulaire du facilitant, et même la langue. Le contenu du message appartient au facilité mais c’est le facilitant qui lui donne une certaine incarnation.


On peut aussi dire que le facilitant offre son cerveau gauche afin que le cerveau droit du facilité puisse s’exprimer. L’hémisphère gauche du cerveau est celui qui permet l’action, la logique, l’organisation, l’hémisphère droit est plutôt celui de la créativité, de l’intuition, de l’émotion.


"Que les patients soient handicapés ou valides, jeunes ou âgés, que leur langue maternelle soit ou non celle du facilitateur, qu’ils soient instruits ou ignorants, le langage écrit est le même : ils utilisent les mots du facilitateur, la structure de sa langue, profitent de ses connaissances, ont accès à sa mémoire." (Anne-Marguerite Vexiau, numéro 13/1999 de la publication « Ta main pour parler »)


On dit que la psychophanie relève d’une communication d’inconscient à inconscient. L’inconscient du facilitant reçoit un contenu de l’inconscient du facilité, et le transmet à son corps afin qu’il puisse être lisible par le conscient.



Comment cette collaboration est-elle possible ?


Le facilitant lâche tout, en particulier tout ce qui le concerne, pour se mettre en état de réceptivité la plus ouverte possible de ce qui émane du facilité.


C’est en cela qu’une formation et un entraînement important sont requis : il faut apprendre à « se mettre en veilleuse » pour accueillir le maximum d’informations émanant de l’Autre.


La neutralité du facilitant offre la possibilité à l’Autre de s’ouvrir complètement, de se révéler.


Il demeure cependant, ne le nions pas, une certaine empreinte du facilitant. La même personne, facilité par deux facilitants différents, pourra exprimer des messages différents, essentiellement par la forme. Il existe aussi une sorte de "tri" involontaire de la part du facilitant : ce qui lui est incompréhensible ne s’exprimera sans doute pas par lui, même si le facilité pourra l’écrire avec une autre personne.





Il est étonnant de voir la profondeur des messages écrits en psychophanie par des personnes lourdement handicapées ou par des bébés. Comment expliquer cela ?


Les personnes, au niveau de leur Etre Profond, sont très différentes de l’image qu’elles nous renvoient. C’est un exercice qui ne nous est pas familier, mais dont on devient coutumier quand on pratique la Psychophanie, de voir au-delà de ce qu’il nous semble distinguer de l’Autre.


Peut-être que pour expliquer au mieux le phénomène faudrait-il accepter l’idée que notre conscience n’est pas uniquement notre conscience cérébrale – c’est d’ailleurs un concept qui pourrait expliquer aussi les expériences de mort imminente (EMI ou NDE, en anglais). Nous aurions une conscience « totale », transcendante, dont nous nous couperions au cours de notre développement en tant que personne humaine au profit d’une conscience plus cérébrale. Cette dernière dépend du fonctionnement et du développement de notre cerveau, mais la conscience totale, elle, n’est pas tributaire de l’état des outils de notre corps. Lorsque l’on utilise la psychophanie, on peut avoir accès à cette conscience transcendante, et c’est pour cela que ses messages sont si différents de ce que l’on pense que le cerveau immature ou endommagé peut produire.



Les messages écrits en psychophanie peuvent être assez obscurs. Comment cela se fait-il ? Et comment les comprendre

Il existe toutes sortes de messages en psychophanie. Certains sont très clairs, expriment des désirs puissants, ou des certitudes absolues. D’autres sont plus abscons et demandent que l’on s’y arrête plus longuement.


Il est important de savoir que, quelle que soit la forme qu’ils revêtent, il ne faut pas forcément les prendre au pied de la lettre. Ils peuvent être un peu comme des messages transmis par les rêves, remplis de symboles et d’images, parfois même de jeux de mots ou de double-sens… Ils parlent d’une réalité intérieure et symbolique, et font parfois référence à des fantasmes plutôt qu’à des faits réels sans que rien ne le laisse soupçonner dans la forme du texte.

Il va alors s’agir de le décrypter comme on le fait avec les rêves.


De plus, souvent, les textes témoignent d’un processus : il ne s’agit pas d’une vérité absolue qui s’écrit dans le marbre. Ce qui s’écrit est la vérité de l’inconscient de la personne au moment où le message est capté, celle-ci peut être très différente quelques minutes plus tard. On voit d’ailleurs souvent dans les textes un certain cheminement, une affirmation puis son contraire, des hésitations, etc. L’inconscient n’est pas constitué d’un contenu ferme et immuable ; il est au contraire extrêmement mouvant, fluctuant, éphémère.


Il demeure cependant qu’avoir accès à celui-ci permet d’améliorer considérablement son équilibre psychique, de mieux se connaître, et de ne plus subir ses influences incompréhensibles.




Quel est le bénéfice de la psychophanie ?


Elle peut soulager, apaiser, la personne en révélant des obstacles, des nœuds, des liens inconscients qu’elle participe à résoudre.


Elle est en capacité de libérer la personne de certaines souffrances et donc de restituer un mieux-être pour aller vers une plus grande qualité de vie.




La psychophanie est-elle une thérapie ?


Disons qu’elle peut représenter un outil thérapeutique, un moment thérapeutique.

En elle-même, elle n’est pas une psychothérapie. Il y a nécessité d’accompagner les messages par une présence éclairante et bienveillante, afin que le bénéfice soit effectif. La présence d’un thérapeute – ou du moins le relai par celui-ci lorsqu’un texte a été écrit – est indispensable.




La Communication Facilitée permet de mieux connaître l’Autre.


La Psychophanie permet de vous aider à mieux vous connaître.







Luce Barrault

Novembre 2023


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