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L'estime de soi



L’estime de soi, qu’est-ce que c’est ?


L’estime de soi n’est pas loin de l’amour de soi. Elle correspond au fait de se reconnaître des qualités (tout en étant bien conscient également de ses « défauts ») et de s’estimer suffisamment pour prendre sa place au monde.

Quand l’estime de soi est endommagée, la personne se juge généralement très sévèrement, n’arrive pas à s’accepter et encore moins à s’aimer telle qu’elle est. Elle se juge toujours insuffisante.

Avoir une faible estime de soi signifie ne pas être capable de reconnaître sa propre valeur, ne pas avoir confiance en soi. Très souvent cela s’accompagne de l’incapacité à entrer en contact avec son soi intérieur, avec la recherche permanente de l’approbation des autres.



Comment se construit l'estime de soi?


L’estime de soi naît des premières expériences de la vie. L’investissement massif d’amour que les parents portent normalement à leur bébé est fondamental pour que celui-ci puisse ensuite développer une estime de lui correcte. Cette étape est indispensable mais hélas pas suffisante.


Au fur et à mesure que l’enfant grandit, ce que les parents vont renvoyer à l’enfant va se modifier en fonction de son comportement. Leur mission d’éducateurs leur demande de lui apprendre les normes sociales, les attitudes à adopter, le fait de se décentrer pour tenir compte des autres, etc. Même si leur amour demeure intact en tant que sentiment, ce que l’enfant va percevoir est qu’il est moins inconditionnel que par le passé, qu’il dépend de ses actes et de son comportement. S’il suit les préceptes inculqués, il obtient une approbation, mais les gronderies voire punitions qu’il récolte s’il ne les suit pas lui fait douter de l’amour de ses parents.

L’enfant va intérioriser les normes sociales inculquées et les aspirations que ses parents ont pour lui en une sorte de conscience morale. Celle-ci récompensera une bonne conduite avec un sentiment de fierté et punira une mauvaise conduite avec un sentiment intérieur de culpabilité ou de honte. La notion de « bonne » ou de « mauvaise » conduite mettra cependant un certain temps avant d’être très claire, ce qui fait que l’enfant pourra parfois être reconnu « mauvais » (ou plutôt, sa conduite sera mauvaise, mais combien de parents font attention à cette différence lorsqu’ils s’adressent à leur enfant?) sans qu’il ne comprenne ce qui justifie ce jugement – il le comprendra comme un de ses traits identitaires et son estime de lui sera durablement abîmée.


L’estime de soi dépend aussi de ce que les autres vont renvoyer à l’ancien enfant, une fois qu’il sera adulte. Les marques de reconnaissance ou les reproches agissent comme autant de leviers sur celle-ci, à tous les âges de la vie.




Quelles sont les conséquences d’un manque d’estime de soi ?


Manquer d’estime peut avoir des répercussions et des conséquences à plusieurs niveaux:


- au niveau personnel : des difficultés pour gérer ses émotions ou pour s’assumer sur le plan identitaire, des inhibitions, des conduites alimentaires dysfonctionnelles (anorexie, boulimie...), des abus de substances permettant une levée de la souffrance, des troubles du sommeil, une anxiété élevée pouvant aller jusqu’à des attaques de panique, une dépression.


- au niveau relationnel : un risque conséquent d’être la proie de personnes toxiques (manipulateurs, pervers narcissiques…), une solitude subie.


- au niveau du couple : une jalousie outrancière, un besoin de reconnaissance excessif avec une dépendance maladive au partenaire, des troubles du désir.


- au niveau professionnel : des risques d’épuisement professionnel

Il peut aussi y avoir des comportements compensatoires, de type manifestations corporelles et/ou sentiment de supériorité, mépris des autres, extrême compétitivité, etc. Ces comportements essaient de réduire le sentiment très désagréable de manque ou d’échec. Malheureusement, ces efforts ne fonctionnent qu’imparfaitement et demandent à être renouvelés constamment.



Quel est le tableau d’une personne en manque d’estime d’elle-même ?


La personne en manque d’estime de soi est coupée d’elle-même et cherche sa place au monde dans le regard de l’autre. Elle subit donc une grande insécurité.



1 – Elle a du mal à connaître ses besoins, ses envies, ses désirs


La personne est coupée d’elle-même. A force de vouloir se calquer sur les préceptes sociaux et les attentes des autres, la personne en manque d’estime d’elle-même finit par effacer complètement ce qu’elle ressent et ne plus savoir de quoi elle a envie et ce dont elle a besoin.

Elle n’est plus en contact avec son Etre Profond (cf article "La santé mentale, qu'est-ce que c'est?")




2 – Un sentiment d’insécurité


Comme elle n’existe que par ce que les autres lui renvoient, elle éprouve un énorme besoin, une nécessité sous peine de s’effondrer de leur plaire. Elle est donc dépendante de leur regard. Il lui fait plaire à tout le monde, et tout le temps – et, bien sûr, c’est sans cesse remis en question, ce qui est épuisant.

Cela explique que les personnes à très faible estime d’elle-même sont extrêmement (voire exagérément) sensibles aux réactions des autres, surtout lorsqu’elles sont négatives : c’est un risque vital pour elle que d’être rejetée.


3 – Une conformité aux règles sociales

Les règles sociales ont le double avantage de baliser ce que les autres sont susceptibles d’attendre et d’effacer la question de qui l’on est.

Le regard des autres est tellement important que la personne en manque de confiance en elle va tenter de se conformer le plus possible à différents types de normes sociales et culturelles : les codes, l’apparence, le corps, le vocabulaire, les bonnes manières… Il s’agit là d’essayer de coller le plus à ce que les autres sont (peut-être) susceptibles d’attendre d’elle. Tout est disséqué dans le but d’être apprécié d’autrui, mais avec un regard sur elle-même souvent désapprobateur et porteur de jugements négatifs. Malgré tous ses efforts, elle s’estime toujours incompétente (voire inapte) à répondre à ce que l’on attend possiblement d’elle.


4 – Un sentiment de solitude


En contexte social, elle peut avoir un sentiment d’étrangeté, avec l’impression d’une différence fondamentale entre elle et les les autres – qui sont, bien sûr, perçus comme étant ce qui est « bien ».

Comme elle se juge différente, moins valable, moins intéressante que les autres, elle va avoir tendance à se replier sur elle-même.


Le contact social lui demande un tel effort qu’elle peut avoir tendance à l’éviter et vivre alors une solitude effective, subie.



5 – Des doutes


Lorsque l’estime de soi est fragile, on n’a pas confiance dans ses prises de position. Il est impossible de tenir une position ferme lorsque l’on ne sait pas exactement quelles sont nos valeurs, ce que l’on pense, ni surtout ce qu’il convient de penser pour continuer à être accepté par l’autre. De toute façon, l’autre est forcément plus compétent, plus légitime, même sur des sujets qui nous concerne intimement, et donc nous fait douter en permanence sur ce qu’il convient de faire. C’est usant psychiquement.


Cela se voit également dans des groupes, par exemple des groupes politiques. Une personne à faible estime de soi ne va pas supporter la contradiction d’un adversaire politique, car cela risque de la fragiliser dans son appartenance au groupe. Elle ne défend les valeurs du parti que par loyauté pour le groupe qui l’a intégrée, pas par conviction profonde, et ne veut pas écouter les arguments de la partie adversaire par peur d’être déstabilisée.


6 – Un sentiment d’imposture


Une personne avec une faible estime d’elle-même aura tendance à ne pas se sentir légitime à une certaine place ou à ne pas mériter ce qui lui arrive.

Ce sentiment, connu sous celui de « syndrome de l’imposteur », est nourri de la conviction de son incompétence et surtout d’une auto-dévalorisation profonde : ce dont il est question, ce n’est même pas ce qu’elle sait ou ne sait pas, c’est surtout ce qu’elle est et surtout n’est pas. Ce sentiment est bien sûr imperméable aux critères objectivables de réussite de type diplômes ou recommandations.


Il peut conduire à renoncer à des opportunités voire à des auto-sabotages.


7 – Une difficulté à demander de l’aide


C'est paradoxalement les personnes porteuses d'une bonne estime de soi qui auront le plus de facilité à solliciter les autres et à demander de l'aide en cas de besoin. À l'inverse, des personnes à l'estime plus fragile peuvent se sentir dévalorisées à l'idée de reconnaître avoir besoin d'autrui pour quoi que ce soit. Pour elles, c’est un signe de faiblesse que d’avoir besoin d’aide ; il est donc parfois même difficile pour elles de reconnaître ce besoin.


Comment restaurer l’estime de soi ?


Lorsque l’estime de soi s’est construite sur des bases fragiles pendant l’enfance, le chemin va être long pour la réhabiliter, mais le jeu en vaut la chandelle.


Il va falloir détricoter l’habit que l’on s’est fait enfant pour tenter de plaire à notre entourage, et apprendre à se connaître soi-même pour savoir quoi faire pour être fier de soi. Ce sentiment de fierté de soi-même n’est possible qu’à l’aulne de ses propres valeurs et de ce qui est important pour soi. Il va donc falloir aller à sa propre rencontre.


Il faut d’abord soigner l’enfant blessé en soi. Selon l’importance de ces blessures, une psychothérapie sera peut-être nécessaire.




Celle-ci sera d’ailleurs bienvenue pour l’étape suivante : faire connaissance avec son Être Profond, celui qui connaît le sens de notre vie. L’écouter, l’entendre, tenir compte de ce qu’il nous suggère.


Agir, en conformité avec ce que nous dit « la petite voix » de cet Être Profond, avec notre cœur, avec notre intuition. Dans un premier temps, peut-être sur de petits projets, qui nous attirent, qui nous donnent envie de nous lever le matin – et puis ensuite, gagner en confiance en soi en voyant que l’on a atteint ses objectifs, ceux qui sont les nôtres propres.


Ne pas oublier de ressentir de la fierté pour ce que l’on arrive à faire.


Il peut être nécessaire d’avoir à se détacher de certaines personnes toxiques. Il est possible que ces personnes aient eu une fonction pour nous à un certain moment (et réciproquement), mais la lucidité est parfois utile pour savoir s’en détacher. A l’inverse, d’autres rencontres peuvent se produire et enrichir notre réseau social.

L’amitié, l’amour, sont de belles choses lorsqu’elles se produisent entre êtres apaisés et clairvoyants.




Lorsque l’on se regarde dans la glace et que l’on arrive à être fier de ce que l’on a fait, satisfait des relations que l’on entretient, lucide devant nos échecs et nos succès (toutes proportions gardées, ce ne sont jamais que les produits de ce que l’on a fait, jamais de qui l’on est) , c’est gagné !!


... mais n’oublions cependant pas d’être vigilant et de continuer à la soigner tout au long du reste de notre vie.





Luce Barrault

Avril 2023

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