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Guérison et croissance personnelle : l’apport thérapeutique du voyage chamanique

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Le voyage chamanique est une sorte de rêve éveillé qui se déroule au son du tambour (ou d’autres moyens, comme les maracas, les sons rythmés chantés, les plantes sacrées...). Les battements du tambour permettent la modification de l’état de conscience, une sorte de silence demandé au mental, et l’émergence de tout un monde sous-jacent.

(vous pouvez vous référer à mon autre article de blog "Partir en voyage chamanique" https://www.lucebarrault.com/post/partir-en-voyage-chamanique )


Il s’agit là d’une pratique ancestrale qui remonte à la nuit des temps. Elle est restée encore bien vivante dans certains endroits du globe terrestre. Dans nos contrées, elle réapparaît, sous une forme sans doute moins traditionnelle mais néanmoins riche de sens et, selon moi, pleinement appropriée par le praticien qui le propose. En effet, il ne s’agit pas de faire un copié-collé de ce que l’on a pu observer ici ou là, mais plutôt de s’appuyer sur son propre vécu, sur ses propres ressentis, pour permettre aux autres d’aller à la quête de leur propre vérité.


Cette vérité, propre à chacun, est bien la question qui se pose lors de toute psychothérapie. C’est en cela que le voyage chamanique est un allié puissant lors d’un tel travail intérieur profond.


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L’apport inestimable des états modifiés de conscience


Ce que l’on appelle les « états modifiés de conscience » est depuis longtemps utilisé en psychothérapie et en psychanalyse. États hypnotiques, rêves et rêveries, états flottants : il s’agit là de matériel béni pour tout thérapeute. Et cela pour une bonne raison : enfin, le mental se tait !


Je vais vous redire ici ce que j’ai pu expliquer en d’autres articles de ce blog en ce qui concerne les ondes cérébrales. L’EEG (électro-encéphalogramme) enregistre les ondes qu’émet notre cerveau. Selon l’activité de celui-ci, les ondes n’ont pas la même fréquence.


A l’état habituel de notre activité quotidienne, les ondes sont qualifiées de Bêta (entre 12 et 40 Hz). Le cerveau peut émettre de plus hautes fréquences encore (ondes Gamma – entre 40 et 100 Hz) lors d’activités cognitives d’apprentissage, de mémorisation, de traitement complexe de l’information.


Ce qui est recherché en thérapie, c’est plutôt l’inverse : calmer le cerveau. Atteindre des zones fréquentielles de type Alpha (8-12 Hz) ou, encore mieux, Thêta (4-8 Hz). Les ondes Alpha s’observent en état de relaxation légère, lors d’activités créatrices par exemple, quand on est à l’écoute de son intuition. Les ondes Thêta sont plutôt impliquées dans la rêverie, voire le sommeil léger, ainsi que dans des états hypnotiques.

Le cerveau peut aussi aller jusqu’à émettre des ondes Delta (0,5-4 Hz) qui s’observent dans le sommeil profond, dans la méditation intense, dans la transe, etc.


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Pendant les états modifiés de conscience, non seulement les ondes cérébrales se modifient, mais on observe aussi d’autres particularités au niveau du cerveau : l’activité électrique des deux hémisphères se synchronisent, comme s’ils tentaient de s’harmoniser l’un l’autre pour obtenir un rythme unique et cohérent. Le cerveau gauche, habituellement dominant, lâche du lest alors que le cerveau droit se réveille, devient plus actif. Les deux activités, habituellement déséquilibrées, s’accordent. Dans la même logique, on observe une sur-activation du corps calleux (qui gère la liaison entre les deux hémisphères) et une modification de la physiologie des neurotransmetteurs, allant dans le sens d’un moindre filtrage et/ou une activation des perceptions sensorielles et d’une inhibition du cortex. (cf conférence du 29/11/2008 de l’association « Conscience Verte »)


Le battement du tambour chamanique permet au cerveau de se mettre en état relax, généralement émettant des ondes Thêta. La personne se trouve donc en état similaire à celui induit par l’auto-hypnose ou une certaine forme de méditation. Dans cet état, on abandonne tout état critique, on se laisse aller à ce qui se présente – et c’est ce contenu, justement, qui est si précieux en thérapie !


Les états modifiés de conscience permettent un accès à notre contenu inconscient. Ils ont été particulièrement étudiés par Stanislas Grof, un psychiatre tchèque qui a consacré sa carrière à l’étude de leur apport thérapeutique. Il a pu ainsi mettre en évidence une sorte de radar activé lors de ceux-ci. Ce radar "amène automatiquement à la conscience les contenus de l’inconscient possédant la plus forte charge émotionnelle, ceux qui sont les plus pertinents dans l’instant, d’un point de vue psychodynamique, et qui sont prêts à être traités au cours de cette séance spécifique." Les états modifiés de conscience permettent à la sagesse de notre Être de s’exprimer. Sagesse en lien avec notre santé, qu’elle soit physique, mentale ou spirituelle.


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Où va-t-on quand on fait un voyage chamanique ?


Les avis sur la question divergent.


Certains pensent qu’il s’agit d’un voyage intérieur, à l’intérieur de notre propre monde, de notre imagination, pourrait-on dire. Ou de notre inconscient.

Voire – au plus large de cette vision – de l’inconscient collectif, tel qu’il a pu être mis en évidence par Carl-Gustav Jung.

D’autres (et les traditions chamaniques en font partie) considèrent que l’on voyage dans un autre monde qui existe en soi, dans un univers parallèle au nôtre.


Une explication de cette vision pourrait être la suivante : imaginez que notre monde soit constitué non pas de 3 dimensions, comme il nous est habituel de le fréquenter, mais de 12, 50, 100… En tant qu’être humain dans une société occidentale, nous ne sommes connectés qu’à ce monde à 3 dimensions. Le monde que nous visitons en voyage chamanique pourrait représenter une 4° dimension, un état qui existe, en permanence, près de nous, mais dont nous ne sommes pas conscients. Seule la modification (j’aurais envie de dire, "l’élargissement") de notre état de conscience nous permettrait d’accéder à cet autre univers.


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Que nous apportent les voyages chamaniques ?


Dans cette pratique (comme dans beaucoup de pratiques énergétiques et spirituelles), il est fondamental de bien poser son intention.


Certains voyagent pour faire une sorte de tourisme chamanique, si j’ose dire, poussés par une sorte de curiosité spirituelle : aller voir à quoi ressemblent les mondes d’en haut, d’en bas, du milieu, les esprits qui les peuplent, etc. C’est souvent le cas lors du premier voyage, accompagné bien souvent d’un petit challenge personnel : est-ce que je vais réussir à voir quelque chose ? Est-ce que mon mental va me foutre la paix et me laisser voyager tranquillement ?


Une fois cette première étape franchie, on arrive vite à celle d’une meilleure connaissance de soi et un certain regard sur sa vie. C’est ce qu’apporte la rencontre avec son animal-totem, qui est une sorte de miroir spirituel très riche. Et puis, tous les autres voyages proposés en groupe sont comme autant d’occasions de recevoir des messages, des métaphores à décoder, des indications, pour comprendre et mener sa vie. Peu à peu, on en découvre de plus en plus sur nous, sur nos valeurs, sur qui nous sommes, sur ce que nous souhaitons faire de notre vie. En ce sens, une pratique en groupe est un vrai moyen de développement personnel.


Ensuite, il y a possibilité de faire des voyages individuels. Ceux-ci sont apparentés à ce que l’on appelle en chamanisme les recouvrements d’âme. On va aller récupérer un bout de son essence vitale qui a pu s’absenter du fait de traumatismes, de situations trop difficiles à vivre, de pertes, etc. Ces voyages-là sont denses, riches d’enseignements le plus souvent symboliques, tant sur les causes de la perte d’âme que sur les forces sur lesquelles s’appuyer pour la restaurer.


On peut ainsi aller réparer les conséquences d’un tel départ, que celles-ci soient de nature dépressive, addictive, phobique, obsessionnelle, ou même qu’elles aient entraîné une maladie physique.  "Pour les chamans du monde entier, écrit Sandra Ingerman dans son ouvrage Recouvrer son âme et guérir son Moi fragmenté, la maladie est toujours un désordre spirituel ; c’est une perte d’âme ou une diminution d’énergie spirituelle essentielle."


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Que se passe-t-il lors des voyages chamaniques ?


Une fois posée l’intention, on va laisser le processus se dérouler en toute confiance… Confiance en le thérapeute qui accompagne, confiance en soi, et confiance en les esprits que l’on va contacter.


Comment décrire les esprits ? On pourrait dire que ce sont des essences – des essences spirituelles, cela va sans dire. Mais elles prennent l’apparence d’objets, d’animaux, d’éléments, de personnages, qui ne sont pas du tout éthérés. Par exemple, l’esprit de l’ours (qui peut aussi bien représenter la force, la confiance en soi que la guérison) va apparaître sous la forme d’un ours. L’eau, symbole de vie et aussi d’émotion, pourra prendre diverses formes, rivière, lac, mare, cascade, océan, qui toutes auront une signification différente.


Pendant les voyages chamaniques, on vit une histoire, on traverse des paysages, on rencontre des animaux, des personnages, on reçoit des messages, on vit des émotions, on ressent des sensations.


Si l’intention posée est d’aller rencontrer l’esprit de l’aigle, par exemple, on va vivre un voyage qui va permettre d’aller à la rencontre de l’aigle, recevoir ses messages, vivre des expériences en relation avec, et en revenir avec de nouvelles perspectives quant à sa vie.


Si l’intention posée est de trouver une solution à tel problème, on va laisser le processus assez libre pour tenter de trouver ce que l’on souhaite (même si plus c’est flou, moins ça a de chance d’aboutir, parole d’expérience!)


L’intention posée peut être d’aller retrouver une partie d’âme qui est partie. Alors, on va s’engager dans une véritable épopée faite de moult rebondissements, épreuves, obstacles, pour aller rechercher ce bout d’âme. Chaque événement a un sens, chaque élément, chaque paysage, chaque animal rencontré, etc. : tout cela s’exprime par un langage métaphorique mais est riche d’enseignements pour non seulement comprendre comment et pourquoi ce morceau a décidé de partir, mais comment il pourrait décider de revenir et surtout de rester.


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Le voyage chamanique est-il une fin en soi ?


Tout dépend ce que vous souhaitez en faire !


Si vous êtes un "touriste chamanique", oui, le voyage est une fin en soi. Vous pouvez vous émerveiller de ces mondes, de ces esprits qui les peuplent, vous étonner de ces messages que vous recevez – mais ne rien en faire. J’aurais envie de dire que c’est dommage, mais c’est votre liberté, votre libre-arbitre.


Sinon, bien sûr que non ! Je conseille vivement de noter à chaque retour de voyages les moindres détails de ceux-ci, détails qui pourront prendre du sens plus tard. Ce que vous y avez vécu va vous apporter des enseignements, des indications, vous permettre peut-être de mieux vous situer dans votre vie.


Je conseille également vivement de pouvoir en parler avec le praticien, avec le thérapeute qui vous accompagne, et même dans le cas de pratiques collectives. Il n’est peut-être pas opportun de le faire devant tout le groupe – encore que cela dépend de la confiance que vous avez en chacun des membres de celui-ci – voyez ce qui vous semble juste, mais parlez-en à quelqu’un de confiance, quelqu’un qui vous connaît bien. Vous serez peut-être surpris de la richesse de ce que vous avez vécu, que vous ne soupçonniez peut-être pas.


Et bien sûr, dans le cas d’un voyage individuel dans le cabinet d’un thérapeute, le moment de debriefing est le plus important !! Tout, absolument tout, doit être disséqué. Tout est porteur d’enseignement. Il convient de décrypter, de décoder, de comprendre – car ce qui est thérapeutique, c’est la compréhension et la prise de conscience qui en découlent.




CONCLUSION


Le chamanisme est bien plus riche que ce que nos vieilles croyances voulaient bien nous le faire croire ! Il a une véritable valeur spirituelle et psychologique, que l’on redécouvre avec une certaine fascination.

Parmi ce qu’il nous propose, les voyages chamaniques ont une place privilégiée. Ne boudons pas notre plaisir, ni leurs enseignements, ne passons pas à côté de ce profond travail intérieur.

Travail qui, parfois, ressemble à une belle balade enchantée !


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Luce Barrault

Octobre 2025

 
 
 

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