On entend cette expression partout, mais est-ce qu’on sait bien ce qu’elle recoupe ?
Que signifie « se développer personnellement », au fond ?
Une tentative de définition du développement personnel
On pourrait définir le développement personnel comme la (ou les) démarche qu’une personne entreprend pour aller vers son épanouissement, vers ce qu’elle aspire à devenir. Elle se retrouve dans des pratiques qui ont des objectifs tels que l’amélioration du bien-être et de la qualité de la vie, la connaissance de soi, le développement de son potentiel et de ses talents, et la réalisation de ses rêves.
Il concerne tous les aspects de la vie : personnel, professionnel, relationnel, financier, familial, relationnel, spirituel, etc.
On voit donc d’emblée que cette histoire de développement est personnel à chacun. Nous avons tous des aspirations différentes, et ce que recoupe l’épanouissement de Pierre ne conviendra sans doute pas à Paul. Néanmoins, bien sûr, nous nous rejoignons tous dans le besoin de nous épanouir.
D’où vient le développement personnel ? Quelles sont ses origines ?
Le développement personnel étant influencé par de nombreuses disciplines comme la psychologie, la sociologie, la philosophie, la diététique, le sport, la religion, l’ésotérisme, etc., il est bien difficile de lui trouver une origine précise. On pourrait aussi bien plonger dans l’histoire de la philosophie antique que dans les travaux des Docteurs Jung et Adler dans les années 20 – on cite même souvent le psychothérapeute Emile Coué avec sa méthode éponyme consistant à se répéter 20 fois par jour pendant 3 jours d’affilés une formule d’autosuggestion de type : "tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux."
Dans les articles sur le développement personnel, on retrouve également souvent Abraham Maslow cité avec sa fameuse pyramide. Abraham Maslow faisait partie des psychologue humanistes ; il a proposé une hiérarchie des besoins sous forme de pyramide avec, au sommet, l’accomplissement de soi. Ce dernier item était défini comme le désir de devenir de plus en plus ce qu’on est, de devenir totalement ce qu’on est en mesure de devenir.
Il me semble que cette pyramide date de 1943.
La pyramide de Maslow répond à un principe simple : ce n’est qu’une fois qu’il a assouvi un besoin qu’un individu peut alors obtenir la motivation suffisante pour atteindre la prochaine catégorie de besoins. Ce processus est valable pour chaque étape de la hiérarchie et est universel.
Personnellement, j’ai toujours eu un peu de mal avec cette pyramide, avec cette notion que pour passer à l’étage supérieur, il fallait que les besoins de l’étage inférieur soient assouvis. Cela signifie que pour s’intéresser aux besoins qui sont tout en haut de la pyramide – et qui correspondent à notre thème - il faut que les autres soient remplis : les besoins physiologiques de nourriture et de sommeil, les besoins de sécurité et d’appartenance à un groupe, ainsi que ceux autour de l’estime de soi. Le monde regorge de contre-exemples en tout genre… Il semblerait plutôt que ces besoins coexistent en permanence ; je ne sais pas s’il y a réellement une hiérarchie de ceux-ci.
Pourquoi contribuer à son développement personnel ?
Eh bien, sans doute parce que le développement personnel vise à nous rendre plus épanouis, plus heureux, mieux dans notre peau – c’est quand même une belle motivation !
Qu’est-ce qui peut être qualifié de "développement personnel" ?
En fait, beaucoup de choses !!
Devant la disparité de toutes les pratiques concernées, j’ai tenté de les de classer de la façon suivante :
- celles qui s’adressent au corps, son énergie, son bien-être : massages, relaxation, yoga, sophrologie, danse, etc.
- celles qui concernent plus notre fonctionnement cérébral : concentration, méditation, hypnose ou auto-hypnose, visualisations, « pensée positive », etc.
- celles qui se focalisent sur l’expression de nos émotions : chant, écriture, parole, expression corporelle, activités artistiques...
- celles qui sont plus du domaine du comportement et de la communication : exercices de posture et de langage, PNL (Programmation Neuro-Linguistique), CNV (Communication Non Violente)...
- celles qui aident à mieux nous connaître : ennéagramme, MBTI (Myers Briggs Type Indicator) , Profil Nuances, sont quelques exemples.
Les publications académiques associent régulièrement le développement personnel au coaching, au management, à la formation, et aussi à la santé mentale, la thérapie, la relation d’aide, le conseil.
A la thérapie ?? Est-ce que thérapie et développement personnel sont synonymes ?
Synonymes, non : ce sont deux approches différentes. Mais elles sont complémentaires, dans le sens où elles recherchent toutes deux un mieux-être pour la personne.
Un des axes communs à la psychothérapie et au développement personnel est l’étape durant laquelle la personne va aller à la rencontre d’elle-même. Celle où elle va obéir à la sentence de Socrate : "Connais-toi toi-même" - une étape nécessaire pour avancer. Ceux qui l’avaient gravé sur le temple de Delphes avaient déjà bien compris qu’elle n’est pas si évidente qu’il y paraît. C’est même un sacré travail en soi !
En extension de cette phase de connaissance de soi, il y a aussi l’exploration de ce qui nous fait du bien, ce qui nous ressource. On est sans doute là également dans le développement personnel, mais c’est une étape sur laquelle je fais rarement l’impasse en thérapie, car elle permet au confient [la personne qui me fait confiance en suivant une thérapie avec moi] de s’appuyer sur ce qu’il a repéré pour se recharger en énergie quand il en éprouve le besoin, et en ce sens, c’est précieux !
Ensuite, la partie réellement thérapeutique, celle qui fait plonger au cœur de l’inconscient de la personne pour permettre de traiter les racines du mal qui lui pourrit la vie, ça, pour le coup, ce n’est pas du développement personnel !!! C’est du soin, ni plus, ni moins.
Il s’agit le plus souvent d’aller explorer le passé pour permettre de détecter où la souffrance a pris racine, afin de le révéler et de permettre à la lumière de la conscience de détruire l’influence délétère des influences de l’ombre. C’est un travail souvent douloureux, âpre, sans doute extrêmement bénéfique à long terme mais qui est loin de "faire du bien" sur le coup, comme peut le faire une séance de sophrologie ou de massage.
On dit souvent que le coaching – qui relève du développement personnel – est tourné vers le futur, vers ce que la personne souhaite faire de sa vie, alors que la psychothérapie, elle, est plus tournée vers le passé. Ce n’est pas tout-à-fait exact : la psychothérapie peut avoir besoin de s’appuyer sur ce qui s’est passé antérieurement pour mieux vivre, autant aujourd’hui que demain, comme un arbre a besoin de racines saines pour pouvoir se déployer en plein épanouissement. Les deux ont pour objectif que les lendemains soient meilleurs que les hiers, que la personne soit heureuse dans une vie qui lui correspond complètement.
Alors, que choisir ? Psychothérapie ou développement personnel ?
Eh bien, c’est un peu comme si on s’interrogeait sur que choisir entre une bonne hygiène de vie et aller chez le médecin…
Cela dépend de ce que nous vivons.
Si la vie n’est pas trop douloureuse, si nous sommes juste dans la recherche d’un "mieux-être" sur la base d’un "bien-être" déjà existant, le développement personnel est formidable ! Cela permet l’épanouissement de nous-mêmes, le fait de pouvoir magnifier tous les instants de la vie et de nous-mêmes. Nous allons pouvoir développer des compétences, concrétiser des rêves, déployer nos capacités.
Si, par contre, nous souffrons, nous sommes dans la dépression, les addictions, l’épuisement, les somatisations, les difficultés relationnelles, les phobies,etc., c’est d’un travail en profondeur dont nous allons avoir besoin, donc d’une psychothérapie.
Pour finir, voici une citation typique du développement personnel :
"100% des choses qu'on ne tente pas échouent"
(Wayne Gretzky)
Luce BARRAULT
Avril 2024
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