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Mon chemin : de la dépression à la psychothérapie chamanique

Certaines personnes imaginent que le psychothérapeute est une personne lisse et sans faille, qui sait tout de l’être humain et de la vie – c’est bien loin de la vérité !! Je ne connais pour ma part aucun être humain sans faille, et encore moins qui connaît tout de la complexité humaine, psy ou pas psy.

Et d’ailleurs, pourquoi devient-on psy ? Est-ce vraiment pour tenter de tout comprendre du fonctionnement du psychisme humain ? Bien vain, je le crains, serait ce chemin… Ce n’est en tout cas pas ce qui m’a motivée dans ce parcours.

Mais laissez-moi vous raconter mon histoire...





Avant


Au commencement était une jeune femme qui vivait comme elle pouvait. Elle avait déjà une histoire un peu "chargée", faite de deuils, de violences ordinaires, de replis de protection, de chagrins d’amour, de renoncements. Histoire aussi contrebalancée par de belles présences soutenantes et aimantes, une certaine sécurité, de chouettes rencontres, et par une capacité d’émerveillement et de ressourcement dans la Nature qui l’a sauvée de bien des naufrages.

Somme toute, une jeune femme banale, avec son lot de joies et de chagrins, de boulets et de légèreté. Un brin de folie, pas mal de créativité, un zeste d’originalité, et beaucoup de cœur.


Cette femme, après pas mal de désillusions, a croisé l’amour et a pu cheminer avec lui pendant quelques années. Cet amour s’incarnait sous plusieurs visages, d’abord un homme, puis un deuxième, puis un enfant, puis un deuxième… Plus elle aimait ces humains, plus son amour irradiait autour d’elle ; elle aimait son métier (elle était ergothérapeute), les personnes qu’elle côtoyait lors de celui-ci, elle aimait sa maison (pourtant en travaux depuis depuis des années), son jardin, le petit bois à côté, et puis ses amis, ses collègues, ses voisins… Son chien, ses chats, et tous les oiseaux qui enchantaient son quotidien. Bref, elle touchait au bonheur.




(Petit bémol dans ce tableau idyllique : ne croyez pas qu’elle n’avait pas de soucis !! Les gens heureux n’ont pas d’histoire, peut-être, mais ils ont des factures, des conseillers bancaires en alerte, des fuites dans le toit, des mères malades, des pannes de voiture, des conjoints qui tardent à rentrer certains soirs, etc.).




La chute


Et puis un jour, ce bel équilibre a été rompu. Un jour, le mari a découvert qu’elle était amoureuse d’un deuxième homme – ce qu’elle ne lui avait jamais caché, d’autant plus que cela datait d’avant leur propre rencontre. Et même s’il n’y avait rien à en dire, vu que cet amour était de la race hyper-platonique, le mari s’est senti trahi et a versé dans la violence.


L’enfer a commencé… Pendant des semaines, des mois, la simple pensée de rentrer chez elle la terrorisait. Elle le faisait pourtant, s’occupant de ses enfants du mieux qu’elle le pouvait, attentive à leurs besoins, et taisant cette angoisse massive dès que la voiture du mari rentrait. Tant que les enfants étaient là, le mari était inoffensif. Mais dès qu’ils étaient couchés, ou ailleurs, c’était terrible.


Elle se sentait coincée. Pourtant, elle savait, qu’elle devrait partir, mais où aller ?? La maison était à son nom, c’était son argent qui la remboursait. Et les enfants ? Hors de question de les laisser à leur père qui vivait sa vie sans s’occuper d’eux – alors les emmener, les arracher à la sécurité de leur maison, de leur foyer ?? Comment faire ???

Et plus la violence se déversait, physique et surtout psychologique, moins elle arrivait à réfléchir, à trouver des portes de sortie, des semblants de solution. Elle était comme un animal traqué.





Un soir, il y a eu une scène terrible. Le mari a battu sa femme et l’a jetée dehors comme un vulgaire sac poubelle, refermant la porte à clé. Elle s’est retrouvée en pyjama dans la nuit de février, ne sachant que faire. En pleurs, elle s’est réfugiée chez ses voisins, qui l’ont rassurée et ont appelé les gendarmes. Une heure plus tard, le mari parti, les gendarmes aussi, elle réintégrait sa maison.

Les enfants n’avaient rien entendu. Incroyable !!


Et là, vous vous dites : parfait, l’harmonie allait pouvoir revenir, puisque l’élément perturbateur était parti.


Eh bien, ça aurait sans doute été trop simple.

L’édifice sur lequel était construit son bonheur d’antan était à terre. Plus de joie, plus de plaisir, plus d’envie, juste des contraintes et des poids trop lourds.

Chaque matin, elle se levait – chaque soir, elle se couchait. Entre les deux, il n’y avait que de la difficulté, des fatigues, des impossibilités, des larmes.


Elle a tenté de réagir, changer de travail, changer de maison, changer d’environnement humain. S’éloigner de tous ces souvenirs, redémarrer un nouveau chemin. Mais c’était de l’énergie, qu’elle n’avait pas ; c’était des deuils, encore et encore ; c’était des difficultés, des problèmes, des tracas.

La vie lui semblait juste "une saloperie", elle n’en voulait plus, et elle s’en voulait terriblement de l’avoir transmise à ses enfants.


Elle a fini par prendre la décision de la stopper. C’était juste trop difficile, trop douloureux, trop souffrant.

Elle a organisé son suicide. Elle a mis de côté des médicaments, a fait des réserves d’alcool. Elle a rédigé des lettres aux personnes qui comptaient pour elles, ses enfants, ses amis, sa mère. Elle n’en a parlé à personne, parce qu’elle savait qu’on l’empêcherait de réaliser son projet, à tout prix. Elle le savait, mais elle voulait mourir. Elle n’en pouvait plus, de cette vie, et il n’y avait pas d’autres alternatives que d’en sortir.


Elle a choisi un week-end où ses enfants étaient chez leur père, où elle savait qu’elle ne verrait personne. Et elle a mis son projet à exécution.




Au fond du trou


Mais elle s’est ratée.


Sa conscience a réémergé doucement, par petites touches, dans un service de psychiatrie, dans l’hôpital de la ville la plus proche.


Un univers bizarre, décalé.




Elle dormait beaucoup.


Les infirmiers voulaient qu’elle sorte de sa chambre, mais pour aller où ??

Et puis, il y avait les conséquences de l’ingestion des médicaments. D’accord, ils n’avaient pas suffi à la tuer, mais ils agissaient toujours sur son équilibre et la marche était très précaire. Même aller à la salle à manger au moment des repas était compliqué. Elle a bien demandé un rollator (un déambulateur à roues, qu’elle connaissait bien de par son métier d’ergothérapeute), mais on lui a répondu que "ce n’était pas adapté". Par contre, ce devait sans doute être adapté de la faire attendre debout dans le couloir pendant des dizaines de minutes la distribution des médicaments, alors même qu’elle n’avait pas d’équilibre, et de lui reprocher de s’asseoir par terre… Ce devait sans doute aussi être adapté de lui reprocher d’être sortie prendre l’air alors qu’on lui avait bien dit qu’elle n’en avait pas le droit (dans les conséquences de la prise médicamenteuse, outre les soucis d’équilibre, il y avait des troubles de la mémoire – et de l’élocution, mais ceci est une autre histoire). Ce devait être adapté de la laisser toute la journée inactive, sans suivi psy ("Vous avez vu où ça vous a conduit ?" lui a sorti le psychiatre alors qu’elle demandait à pouvoir discuter avec une psychologue – effectivement, elle était en thérapie depuis plusieurs années, déjà), et toute la nuit avec ses souffrances (des douleurs terribles où elle avait l’impression qu’on lui transperçait le cœur avec une épée – il paraît que c’était des "manifestations anxieuses" et qu’elle devait alors se mettre en quête d’un infirmier afin d’avoir un traitement ad hoc, bon courage à elle pour réveiller celui qui ronflait près de l’ascenseur ou trouver son collègue, disparu peut-être fumer une cigarette?)


Ce fut des jours terribles. Le fond du fond du trou. Une sensation d’être moins que rien. Pire que la mort, qu’elle avait souhaitée.

Elle ne se sentait pas soignée, juste entravée dans sa liberté pour ne pas qu’elle recommence.

Le quotidien était terne, anxieux, maltraitant.

Les autres patients n’étaient pas mieux lotis. Parfois, il y avait des échanges avec eux, c’était la seule chaleur humaine dans cet univers.


Là, elle s’est dit que l’hôpital ne soigne pas. C’est certain.

Il ne fallait pas qu’elle attende son salut de lui.

Au contraire, il fallait qu’elle parte de là.


Elle connaissait un lieu, une clinique privée près de l’océan, où l’on accompagnait les personnes en santé mentale. Elle a demandé à aller là-bas.

L’équipe "soignante" était d’accord. Parfait. C’est elle qui a dû faire les démarches pour y aller, c’est elle qui a su quand une place s’est libérée ; il y avait chez elle une forte motivation à sortir de cet enfer psychiatrique.





Là-bas, elle s’est doucement retapée.


Elle a pu faire un travail psychologique, elle a pu avoir un traitement médicamenteux adapté, elle a pu être soignée en toute dignité et respect.


Tout cela s’est poursuivi ensuite, à sa sortie. Cela a été long, très très long.

Des années.




Se former


Elle était employée comme ergothérapeute dans un établissement qui accueillait des personnes avec autisme.


Après toutes ces années, avec toute cette maladie, elle ne voyait plus le sens de son travail. Elle se sentait inutile, non désirée, encombrante. Quand elle a repris, d’abord avec un mi-temps thérapeutique, ses collègues osaient à peine lui parler, ne savaient pas quoi lui dire.

Sûr qu’elle ne respirait toujours pas la joie de vivre, même si le quotidien devenait vivable, et peut-être qu’ils avaient peur d’être maladroits… Mais leur distance renforçait son sentiment de n’être pas à sa place, d’être en trop.


Elle a décidé de changer de métier.

Elle a fait un bilan de compétences, a décidé de devenir psychothérapeute, pour pouvoir aider ceux qui connaissaient le même désarroi qu’elle avait connu.

Elle savait très bien de quoi on avait besoin, quand on était dans la dépression. Et elle avait envie de pouvoir guider ceux qui en souffraient.



Elle a atterri dans une petite école de psychothérapeutes, l’École Férenczienne, dirigée par une femme qui avait déjà un certaine âge, Geneviève François. Avant même d’entamer la formation théorique, elle a participé à des groupes de thérapie, 4 jours en résidentiel, et ces groupes se sont poursuivis tout au long des cinq années de formation. Ce fut là le point culminant de sa thérapie, après des années de rencontres hebdomadaires ou quinzomadaires avec plusieurs psys plus ou moins chaleureux. La découverte de l’effet profondément curatif de l’état modifié de conscience, que Geneviève François appelait "auto-hypnose" (terme que l’on peut discuter), et de la plongée en soi. Le travail qui pouvait se mener avec les autres participants, cette intimité de l’espace thérapeutique et ces difficultés de la vie quotidienne en groupe, cette fragilité partagée et cette alliance sur un chemin commun, tout un univers. Elle avait enfin rencontré une thérapie qui la soignait en profondeur.


Elle a pu ouvrir un cabinet, et puis elle a décidé de parfaire cette formation avec un master de psychanalyse, qu’elle a suivi à distance. Cela l’a passionnée, l’a nourrie intellectuellement, lui a permis de réfléchir, de mieux construire sa pensée, de savoir argumenter ses positions. Son mémoire, elle l’a écrit sur le thème de l’autisme et du langage ("Parler ou ne pas parler, telle est la question") et elle a obtenu ce diplôme avec la mention très bien, ce dont elle a été très fière.







Le chamanisme


Mais – est-ce avouable quand on est thérapeute ? - l’état dépressif était toujours présent. Pas la dépression massive qu’elle avait connue, loin de là, mais des bonnes chutes de moral, d’énergie, des moments de découragement, d’absence d’envie, de certitude d’être nulle, ratée, quasi à jeter. Quand des moments survenaient, elle avait toujours l’impression qu’elle rechutait, que c’était reparti pour un tour, qu’elle allait bientôt retrouver l’enfer psychiatrique. Heureusement, elle arrivait à lutter contre, des jours meilleurs succédaient à ces baisses de moral, mais elle se sentait fragile, un peu toujours sur la tangente.


Et puis, un concours de circonstances lui a ouvert l’opportunité de participer à un week-end chamanique dans le Limousin – et là, c’est comme si tout se réalignait en elle. Un profond apaisement a eu lieu.


Elle s’est alors rappelée qu’elle avait fricoté avec cet univers quand elle avait 20 ans et qu’elle avait suivi l’aventure de l’homme qu’elle aimait alors, expérimentant les huttes de sudation, les voyages intérieurs, les perceptions extra-sensorielles – et c’est à ce moment-là que tout a fait sens.


Elle a intégré un cercle de femmes dans la ville proche de son domicile, elle s’est initiée aux pratiques chamaniques, en particulier celles des soins, et elle a commencé à proposer ses services en la matière. Et plus elle pratiquait, plus elle voyageait avec son tambour, plus un profond équilibre se faisait en elle. C’était comme si elle rencontrait sa vérité, comme si enfin son chemin défilait sous ses pieds. Elle était "rentrée à la maison ".



Cela fait à présent plusieurs années. Plus jamais la dépression ne l’a rattrapée.






 


Voilà, vous connaissez maintenant une bonne partie de mon histoire.


Vous pouvez à présent comprendre ma sincérité dans l’accompagnement que je vous propose en tant que thérapeute, et peut-être aussi mon originalité dans mes méthodes. Je peux tout à fait proposer un chemin thérapeutique "classique", mais je dois reconnaître que les états modifiés de conscience (induits par l’hypnose ou le tambour chamanique) ont ma préférence : je les trouve à la fois plus rapides et plus efficaces





J’ai parcouru ce chemin. Je vous offre maintenant de vous accompagner, parce que je le connais, parce que j’en suis sortie, parce que je sais ce qui m'a aidée.








Luce Barrault

Novembre 2024






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1 comentário


sarah.lucienne
04 de nov.

Je suis profondément impressionnée. Par le parcours, la façon de le décrire, si parlante, et le savoir qui en découle, où expérience et théorie s'harmonisent.

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