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Psychothérapie et chamanisme

Ces deux approches que je pratique et auxquelles j’ai été formée, semblent a priori bien éloignées l’une de l’autre. Et pourtant, chaque jour qui passe me montre qu’elles sont sœurs, amies, complices, et qu’elles œuvrent de concert pour permettre à chacun le recouvrement de son intégrité et de sa santé psychique.


psychothérapie et chamanisme

Quel chamanisme ? Quelle psychothérapie ?


Le chamanisme que je fréquente est celui de Michael Harner (qui a écrit "La voie du chaman") et celui de Laurent Huguelit ( "Les huit circuits de conscience", "La voie du tambour", "Mère", entre autres!). C’est un chamanisme ouvert, où chacun va à la découverte de ses propres expérimentations, représentations, ressources.


En cela, la psychothérapie que je mène est de la même veine.

Non pas que la formation que j’ai suivie en psychologie et psychanalyse ait d’une façon quelconque à voir avec le chamanisme. Il s’agit au contraire d’une formation officielle, reconnue, universitaire. La base théorique est solide et la méthode qui m’a été enseignée est celle de Geneviève François, très fortement inspirée par celle de Sandor Ferenczi, un disciple de Freud.

Avec celle-ci (nommée barbarement "bioanalyse férenczienne"), il s’agit d’utiliser l’auto-hypnose pour plonger au cœur de son inconscient, aller retrouver ses traumatismes enfouis et les décharger de leurs pouvoirs délétères. C’est une méthode extrêmement puissante, qui a pu aider plus d’une personne à sortir de marasmes psychiques.


En pratiquant moi-même cette méthode, j’ai pu avoir non seulement des expériences personnelles particulièrement bouleversantes en recontactant des souvenirs oubliés de mon histoire, mais aussi eu des expériences autres, par exemple des accès à des ressources insoupçonnées ou même des visions transpersonnelles qui m’ont fortement ébranlée.


Et c’est là que se lie la parentalité avec le chamanisme.

Ce que j’ai touché lors des transes bioanalytiques ressemblent étrangement à ce que j’ai pu vivre pendant des voyages chamaniques. Il s’agit d’aller à la rencontre de notre "sagesse" intérieure, ou plus exactement de notre guérisseur intérieur, quelles que soient les formes qu’ils puissent prendre : un animal, un guide, un arbre, un souvenir, un dialogue impossible avec un parent, une décharge émotionnelle, etc. C’est toucher du doigt nos ressources, les mobiliser pour les intégrer et progresser vers la santé psychique.


Les voyages chamaniques que je pratique sont des voyages sans plantes psychotropes (plantes de vision). La modification de l’état de conscience est induite uniquement par le battement du tambour et permet de plonger dans un autre monde.




Le modèle tripartite de l’Etre Humain


Les psys appellent cet autre monde l’inconscient.

Les chamanes l’appellent plus volontiers  'le monde du rêve" (ou l’Âme). 


Dans le modèle tripartite de l’Être humain tel qu’il est perçu par la vision chamanique, l’Âme se situe entre l’Ego et l’Esprit.


L’Ego, c’est notre personnalité, c’est notre "nous" quand il fonctionne dans la vie de tous les jours. C’est notre nous incarné, notre corps, notre fonctionnement dans le monde social.


A l’opposé, l’Esprit est une force désincarnée, quantique, sans image, mais qui a sa propre conscience. Nous pouvons l’entendre quand nous faisons taire notre mental – alors, des aspects incroyables de notre être émerge.


L’Âme (ce que les chamanes appellent "le monde du rêve") est l’interface entre l’Ego et l’Esprit. C’est une création personnalisée de l’Esprit, à laquelle on peut accéder plus facilement qu’à celui-ci. On peut le faire grâce à des voyages chamaniques, des méthodes d’imagination active ou de rêve éveillé, par l’auto-hypnose, par un travail sur les rêves, etc. Dans ce monde, l’Esprit communique avec l’Ego grâce à des symboles, des archétypes, etc. C’est ce que psychologues et psychanalystes appellent l’inconscient.




Psychothérapie et chamanisme se rejoignent dans le monde du rêve.


Ainsi donc, nous ne sommes pas qu’un Ego… Nous sommes infiniment plus.


Déjà, en tant qu’Ego, il n’est pas toujours facile de vivre dans ce monde. Une partie de la psychothérapie moderne s’occupe de celui-ci, de la personnalité, du fonctionnement dans le monde quotidien.

Mais lorsqu’il s’agit d’agrandir le spectre de notre Nature, lorsque l’on cherche à contacter notre Être Profond, on accède à notre Âme, au monde du rêve – et c’est là que le chamanisme peut devenir un allié.


En fait, on ne peut pas contacter directement l’Esprit. L’Esprit, même s’il est notre essence première, ne peut être appréhendé que par le monde du rêve. Via l’Âme, l’Esprit a été motivé pour descendre sur Terre et spiritualiser la matière – en lui-même, il est inaccessible.


Le Soi, cher à Jung, habite dans le "monde du rêve", dans l’âme et ses racines proviennent du monde des essences, c’est-à-dire d’une partie de l’Esprit à l’origine des âmes individuelles.


Le monde du rêve, c’est le monde de l’inconscient, le monde de l’imagination, le monde des images oniriques. C’est le monde que l’on explore en psychanalyse… comme dans les voyages chamaniques.





Une psychothérapie chamanique ?


Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que seuls les égos sont indépendants les uns des autres – ou du moins, dans notre réalité consensuelle, ils semblent séparés.

Les âmes sont interconnectées et c’est ainsi qu’il est possible de voyager dans « le monde du rêve » d’autrui, ou du moins dans une sorte d’espace partagé.


Ainsi, quand le confient (je nomme ainsi les personnes qui viennent me voir : ni patients, ni clients, ce sont personnes qui me font confiance) – quand le confient, donc, modifie son état de conscience via l’auto-hypnose ou le battement du tambour, il a accès à son propre monde du rêve à travers des souvenirs, des images, des allégories… Moi-même, je peux également modifier mon état de conscience et entrer dans le monde du rêve du confient avec l’intention de comprendre l’origine du souci et d’apporter des solutions – j’ai, moi aussi, des images, des déroulés oniriques, des rencontres avec des esprits-alliés, etc.

Lors du retour à l’état de conscience ordinaire, la confrontation entre les deux "voyages" est particulièrement enrichissante. Il va s’agir soit des mêmes images perçues, soit de messages complémentaires permettant une vision élargie du problème.

C’est un travail conjoint, qui implique les deux partenaires.





Un recouvrement d’âme ?


Le recouvrement d’âme est un des soins "classiques" qu’offre le chamanisme.

Dans son sens habituel, c’est le chamane qui part à la recherche d’un "bout d’âme" de son confient.

Pour expliquer cela, disons que suite à un choc, un traumatisme physique ou émotionnel, un morceau d’âme se désolidarise du reste parce que la souffrance lui est trop insupportable (il se déconnecte de la conscience) et va aller se cacher pour qu’ « on lui foute la paix ».

La perte d’âme est vécue comme si une partie sensible et vivante de la psyché se mettait à l’abri en s’enfuyant, en se cachant, pour ne plus avoir à revivre la douleur liée au traumatisme.


Les symptômes de la perte d’âme sont les suivants : dépression chronique, sentiments de faiblesse, de dysharmonie et d’insatisfaction chronique, manque d’énergie physique, vulnérabilité aux infections et virus, sentiment d’un vide existentiel et d’un grand ennui à vivre, impression de vivre en dehors de son corps physique (dépersonnalisation), difficultés à se concentrer et à se rappeler des choses, impossibilité à se rappeler ses rêves, impression de ne pas se sentir en vie, vie émotionnelle très émoussée et plates, addictions diverses (nourriture, alcool, sexe, jeu, etc.) - et la liste pourrait encore s’allonger.


Devinez où se réfugie le morceau d’âme, l’énergie psychique de la partie dissociée ??

Eh bien, il va aller se cacher dans le monde du rêve, et c’est là qu’il va falloir aller la chercher.


Cela peut se faire par un tiers, un chamane qui va pouvoir faire un voyage et ramener le bout perdu pour le réinsuffler chez le confient .

Cela peut se faire également par le confient lui-même qui, par un état modifié de conscience, va reconnecter avec les parties manquantes de son âme. C’est ce qui se produit lors de la transe cathartique en « bioanalyse férenczienne », par exemple.


En vérité, on pourrait extrapoler et avancer que toute psychothérapie est en fait un recouvrement d’âme – et sans doute même plusieurs.


Il est cependant notable de garder en tête que le recouvrement en lui-même ne suffit pas. Il est important de travailler ensuite pour le morceau réintégré accepte de rester. Pour cela, il va falloir comprendre ce qui s’est passé lorsqu’il est parti et apporter les modifications nécessaires pour qu’il n’ait pas toutes les raisons de repartir. Il va falloir élaborer psychiquement, avancer sur la voie de la compréhension et de l’expression de nos émotions pour que l’intégrité de notre âme se reconstitue peu à peu dans la durée.








Psychothérapie et chamanisme peuvent s’allier pour votre intégrité et de votre santé mentale







Luce BARRAULT

Janvier 2024


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