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8 idées préconçues sur la psychothérapie

lucebarrault

Il est compliqué de franchir le pas d’entamer une psychothérapie.


Dans mon article précédent https://www.lucebarrault.com/post/quand-commencer-une-th%C3%A9rapie, j’ai évoqué toutes ces idées préconçues que je me faisais moi-même avant d’arriver à franchir le seuil d’un cabinet de psy pour entamer un travail personnel. Il y avait beaucoup de peurs, par rapport à ce que je risquais de découvrir en moi, certes, mais aussi en lien avec ce que je m’imaginais du psy en face de moi, de ses jugements, de ses savoirs.



Je vais essayer, dans cet article, de déconstruire 8 de ces idées préconçues sur la psychothérapie qui souvent nous empêche de franchir le cap – et, par conséquent, nous empêche de pouvoir aller mieux.


Je le redis : une psychothérapie, c’est la clé pour être en paix intérieure.





Idée préconçue n°1 : La thérapie, c’est pour les fous




Quand on dit cette phrase, on sous-entend que l’on n’est pas fou – et donc que la thérapie n’est pas pour nous.

La difficulté, avec un tel propos, c’est ce que l’on entend par "fou". Qui est fou ? Selon la définition que l’on choisit, cela pourrait concerner un grand nombre de personnes….

En fait, ce terme fait référence à un usage ancien que l’on pouvait utiliser en psychiatrie pour qualifier une personne atteinte de troubles mentaux. Il n’est plus du tout utilisé dans ce contexte, et c’est heureux ! C’était l’époque des asiles d’aliénés, où la folie faisait peur.


Je me souviens de blagues que l’on racontait quand j’étais enfant où il était question de fous… Généralement, leur comportement était extravagant et/ou leurs propos incompréhensibles.

D’ailleurs, actuellement, cet adjectif fait bien plus référence à un comportement anormal, bizarre, voire extravagant, dérangé, comme si la personne était en marge des comportements sociaux admis, voire en rupture complète avec la réalité. C’est bien sûr loin d’être le cas de la grande majorité des personnes qui peuvent bénéficier d’une psychothérapie !


La thérapie, ce n’est pas pour les fous, si tant est qu’ils existent. Sauf s’ils sont en souffrance, sauf s’ils sont en demande d’un travail pour lever cette souffrance ou pour être mieux dans la vie.

Car la thérapie, c’est pour ceux qui souhaitent sortir d’une situation difficile avec des symptômes d’origine psychologique. La thérapie, c’est pour mieux se connaître, mieux se comprendre, s’affranchir de son histoire et de ses héritages transgénérationnels et reprendre confiance, énergie et force pour pouvoir affronter le quotidien.


Entamer une psychothérapie, c’est faire un pas vers soi.



Stress, baisse de moral mal-être passager, inquiétude ponctuelle, problème familial, sentiment de solitude, difficultés professionnelles, déception sentimentale... sont autant de raisons de voir un thérapeute. La psychothérapie offre un soutien dans les moments difficiles et un chemin vers une vie plus épanouie.

 




Idée préconçue n°2 : Je peux régler mes problèmes tout seul.


Ah, cette phrase, je l’ai prononcée - et surtout pensée - bien des fois !!

Pourquoi donc aurais-je besoin d’un tiers pour régler mes problèmes ?

Est-ce que je n’étais pas une grande fille, autonome, responsable, et pourquoi irais-je me mettre sous la dépendance d’un autre ?


J’avais bien compris qu’il y avait une part inconsciente en moi qui semblait parfois prendre le pouvoir (j’ai lu "Introduction à la Psychanalyse" de Freud quand j’avais 12 ans, c’est dire si ça fait longtemps que je fréquente ces concepts !). Et j’avais bien compris que c’était à moi de faire tout le travail. Alors, qu’allait m’apporter le psychothérapeute que je ne savais déjà ?


J’ai essayé de travailler en solo dans mon coin. J’avais acheté un livre qui proposait cela. J’ai aussi écrit des passages douloureux de mon histoire, dans l’espoir de me délester de leur impact délétère. Tout cela n’a pas été complètement inutile, je m’en rends bien compte, mais cela n’a pas été suffisant.


A un moment, il a bien fallu que je me résigne : j’avais besoin d’un tiers. Je ne savais pas encore comment, ni pourquoi, mais je ressentais bien ce besoin.


Les débuts de ma thérapie se sont faits de façon "classique", verbale. Bien qu’a priori, c’était déjà en partie la méthode que j’avais employé par écrit, j’ai pu constater que le fait de le raconter à quelqu’un par oral changeait les choses. Il y avait le récit, la mise en perspective, certes, mais il y avait aussi la façon dont le psy recevait ce que je disais, ce qu’il me renvoyait, les liens qu’il pouvait faire entre plusieurs aspects de mon histoire. Lorsque l’émotion s’imposait, il m’aidait à la décrypter – lorsqu’un blocage semblait m’empêcher d’aller voir quelque chose, il m’aidait à le déceler. Seule, je n’avais pas avancé de la même façon qu’avec le psychothérapeute.


Par la suite, ma psychothérapie a pris des chemins psycho-corporels qui m’ont fait considérablement avancer. La bioanalyse férenczienne, méthode à laquelle j’ai pu être formée par Geneviève François, m’a fait délivrée de beaucoup de charges émotionnelles rentrées, m’a fait prendre conscience de beaucoup de souvenirs refoulés, m’a permis de reprendre le pouvoir sur moi-même et sur mon histoire.

Cela, je n’aurais jamais pu le mener seule.


Sur le coup, je n’en ai pas pris conscience, mais a posteriori et après l’avoir étudié, je me rends compte combien ce que l’on appelle la relation thérapeutique est importante. Accorder sa confiance en quelqu’un qui peut tout recevoir de nous, même ce que l’on n’aime pas, même ce que l’on accepte pas en nous, c’est une clé fondamentale de ce que l’on appelle le traitement.


Il me semble que pour certains troubles de type anxiété, dépression, conséquences de traumatismes, etc., l’intervention d’un professionnel est indispensable pour une résolution efficace et durable.







Idée préconçue n°3 : Une thérapie dure des années.


La durée est souvent source d'inquiétude. Beaucoup redoutent un engagement à long terme, en craignant que le processus ne soit interminable. Mais c’est important de comprendre que ce n'est pas une course contre la montre, plutôt un voyage personnel adapté à chaque individu.


Lorsqu’on parle d’une thérapie qui dure des années, on fait souvent référence à la psychanalyse, qui peut effectivement être très longue – et pour cause : on n’a jamais vraiment fini de se connaître ! Mais pour les autres formes de psychothérapie, cela peut être beaucoup plus bref.



Il est très difficile de savoir à l’avance de combien de temps on a besoin. Tout dépend de ce qui pose problème, et de quand on déclare que ce problème est réglé. Tout dépend également de la vitesse à laquelle on avance, de la fréquence des rendez-vous, de ce qui se passe en même temps que la thérapie (car la vie ne s’arrête pas le temps que l’on est en travail intérieur – parfois, elle nous bouscule même un peu plus, et cela n’accélère pas le processus)


Ça dure le temps dont on a besoin, ou le temps qu’on est motivé. Parfois, on en a marre, on fait une pause, ou on arrête carrément. Chacun est libre d’interrompre le travail et de mettre fin aux séances quand il le désire. Cet arrêt peut être définitif, ou bien n’être qu’une pause temporaire, plus ou moins longue. On peut reprendre, avec le même thérapeute ou avec un autre, peu importe…

Ce qui a été traité est terminé, on n’a plus besoin de revenir dessus . Il n’y a pas de risque de tout ficher en l’air parce qu’on a arrêté "prématurément". Ce qui est fait est fait.


La durée de la thérapie dépend également de la fréquence à laquelle on voit son thérapeute. Si on ne le voit qu’une fois par mois, elle avancera moins rapidement que si on le voit chaque semaine. Souvent, je préconise des rendez-vous assez rapprochés en début, lorsque cela est possible, pour démarrer le travail dans les meilleures conditions, puis d’espacer les rencontres – mais c’est à discuter au cas par cas.


Il arrive que l’on me demande : "combien de temps ça va durer ?", et je ne sais jamais répondre à cette question. Il n’existe pas de taille unique, de durée-étalon. Chacun vient avec son histoire, ses problématiques, et ses objectifs uniques. Parfois, un soulagement est obtenu en quelques séances, mais il faut bien avoir présent à l’esprit que pour un changement en profondeur, la patience est de mise. 





Idée préconçue n°4 : Les médicaments sont aussi (voire plus) efficaces qu'une psychothérapie


Aïe. Je suis désolée de vous décevoir, mais non.

Les médicaments et la psychothérapie ne sont pas interchangeables.

Parfois, ils sont complémentaires, mais ils ne peuvent se substituer l’un à l’autre.



Comme ce serait simple si au moindre souci, on pouvait avaler une pilule qui l’effacerait !!

C’est vrai que ça pourrait sembler la panacée… Mais l’industrie pharmaceutique n’en est pas là – et je pense que l’on n’y arrivera jamais. Éventuellement, les médicaments peuvent aider à traiter tel ou tel symptôme (anxiété, insomnie, etc.), mais ils ne peuvent pas effacer la cause profonde qui a fait émerger ces symptômes.


Je pense même que ce n’est pas souhaitable. Il y a, dans le processus de psychothérapie, une responsabilisation de chacun, une façon de prendre les rênes de sa vie, qu’il n’y a manifestement pas quand on prend un médicament. Dans ce dernier cas, on attend que la solution vienne de l’extérieur. Dans la thérapie, la solution émerge de l’intérieur.





Idée préconçue n°5 : La thérapie, ça coûte cher, c'est pour les gens riches


Effectivement, suivre une psychothérapie représente un certain coût, ce serait mentir que de le nier. J’ai été moi-même bien des fois en difficulté devant cet aspect, non pas parce que je ne voulais pas payer mon thérapeute, mais parce que, seule avec deux enfants, les fins de mois étaient plus que compliquées (et quand je parle de "fin de mois", je devrais plutôt parler de "chaque jour du mois"…)

Mais je l’ai fait, parce que j’en avais besoin. Ce n’était pas un luxe. Sortir de la dépression était ma priorité, et je devais m’en donner les moyens.


Sans doute que si j’avais entamé cette psychothérapie avant d’être complètement submergée par la maladie, elle m’aurait coûté moins cher… Mais à cette époque, prendre soin de moi n’était pas ma priorité. Celle-ci était orientée vers mes enfants – je voulais qu’ils ne manquent de rien ; je n’avais pas réalisé qu’il était plus important pour eux d’avoir une maman en bonne santé, gaie et présente, que tous leurs désirs matériels comblés dès qu’ils l’émettaient (je caricature un peu, mais il y avait de ça).


Suivre une psychothérapie, actuellement, à raison d’un rendez-vous tous les 15 jours, coûte (chez moi) 3 €uros par jour. 3 € !! Ce n’est quand même pas un investissement irréaliste pour un bien-être global et un épanouissement personnel.


Et j’insiste : traiter les difficultés lorsqu’elles sont encore gérables peut éviter des coûts plus élevés, et des situations réellement très compliquées.





Idée préconçue n°6 : On ne peut pas changer le passé


Ce n’est pas l’idée !! Bien sûr, votre passé est tel qu’il est, et on ne peut ni le ressusciter, ni le modifier. Mais on peut agir sur votre présent !


C’est vrai que dans les psychothérapies que je mène, il est souvent fait référence à des évènements du passé – non pas par intérêt pour ces faits en eux-mêmes, mais à cause des impacts émotionnels qu’ils ont eus sur la personne qui vient me voir (que j’appelle "confient" : un "patient" qui me fait confiance). Ce sont ces impacts, souvent ravalés, cachés, refusés, qui la fragilisent à l’heure actuelle. Travailler sur ces éléments du passé ne signifie pas les regarder avec fascination, mais les détacher de leur impact émotionnel délétère.


Il ne s’agit pas d’accuser son enfance ou ses parents, ni de se plaindre de sa vie. Il s’agit de porter un regard lucide sur comment on s’est construit, sur notre enfance et également sur la suite, afin de provoquer un éclairage sur notre fonctionnement. Et de cette clarté naît notre liberté, celle de continuer à fonctionner tel qu’on l’a toujours fait, ou celle de choisir de changer. On fait alors ce choix en toute conscience.


L’idée, c’est donc plutôt de faire la paix avec son passé. Remettre chaque épisode à sa place, et continuer son chemin sans boulet.







Idée préconçue n°7 : La thérapie va complètement me transformer

Hum.

Alors : la thérapie ne va pas faire de vous une autre personne. Vous n’allez pas perdre votre identité.


Mais vous allez changer, c’est vrai. Ou plutôt, ce qui va changer, c’est votre façon de vous percevoir. Ce qui va changer, c’est votre positionnement dans la vie, c’est le sentiment de prendre votre place au monde, c’est le pouvoir que vous aurez sur votre propre vie. Vous allez pouvoir vous défaire de schémas de pensée et de comportements obsolètes et vous rapprocher de votre essence et vos véritables aspirations.


Ce qui risque de changer aussi, c’est que vous allez vous accepter et vous aimer chaque jour un peu plus.


Voyez la psychothérapie comme un processus d’évolution.



Il y aura changement, c’est certain. Pas une transformation radicale, mais un changement. Et d’ailleurs, n’est-ce pas souvent ce qui motive la consultation ? "Je voudrais avoir plus confiance en moi", "je voudrais être moins angoissé", "je voudrais ne plus agir de cette façon, mais c’est plus fort que moi", etc.

C’est le but de la psychothérapie !





Idée préconçue n°8 : Si je travaille sur moi, on finira par se séparer avec mon/ma conjoint(e)


Quelle drôle d’idée !! D’où vient-elle ?

Cette phrase sous-entend-elle qu’il y a un risque que mon couple soit en danger si je vais mieux ?

Si c’est le cas, c’est effectivement peut-être mieux qu’il y ait séparation…



Mais dans la majorité des cas, la psychothérapie n’a pas de telles conséquences.


À moins que les conjoints ne s'inscrivent dans un jeu psychologique néfaste (auquel la thérapie peut alors mettre fin), le couple sort souvent renforcé par le travail thérapeutique du partenaire : colère ou jalousie s'estompe, les conflits et malentendus s'apaisent, un désir d'épanouissement mutuel s'installe.

Dans la plupart des cas de couple sain, la psychothérapie permet à la personne mais aussi à son conjoint d’évoluer ensemble, ce qui est salutaire.


Si vraiment cela devient compliqué, une thérapie de couple peut être nécessaire. Mais dans tous les cas, refuser d’entamer une thérapie sous prétexte que cela remettrait en question l’équilibre que l’on sent fragile de son couple est signe que vous en avez vraiment besoin !










Auriez-vous d’autres idées préconçues sur la thérapie que vous n’avez pas trouvées ici ?

N’hésitez pas à les laisser en commentaires !








Luce Barrault

Février 2025

 
 
 

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